Le journaliste qui s'interviewait lui-même (Rue89)
Au point de parler d'eux-même à la troisième personne, et de narrer leurs faits et gestes comme s'ils étaient un autre. C'est le cas de ce journaliste de Oise-Hebdo, qui raconte à ses lecteurs avoir sauvé un homme allongé sur la route, sans vouloir dire "je" dans son article. Cela donne de délicieuses contorsions sémantiques, du style : "Un journaliste en auto (et auteur de ces lignes) s'arrête au niveau d'un homme allongé sur la route". C'est Pascal Riché, rédacteur en chef de Rue89, qui pointe ce drôle d'article. Pour lui, c'est un exemple cocasse d'un tabou journalistique : "Dans la presse écrite, on évite le «je». Surtout, ne pas apparaître! Le journaliste doit être trans-pa-rent, aussi discret qu'un employé des pompes funèbres. S'il veut exprimer une pensée, il s'arrange pour trouver un «expert» qui la partage et qu'il citera… S'il est directement témoin d'un événement, il évoque un «observateur»". Et cela conduit à des passages vraiment étonnants, dans cet article de Oise-Hebdo. Le journaliste n'hésite pas à se citer lui-même, comme une simple personne interviewée, entre guillemets: "Un habitué des bars, reprend l'auteur de ces lignes, c'est incroyable! Dans ce pays on peut vraiment crever sur les routes comme un chien! (...) Je suis un chrétien, et le devoir d'un chrétien est de tendre la main à son voisin !" |
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