Cyber intellectuels, béats devant le numérique ?
"Les cyber-critiques sont guidés par les impératifs économiques, ils commentent de manière libérale, mais ne critiquent pas vraiment". C'est ce qu'estime Henry Farrel, professeur de sciences politiques et d'affaires internationales à la George Washington University, dans un article publié par le Democracy : A Journal of Ideas. "La plupart d'entre eux sont des autodidactes, des self-made men, ils ne travaillent pas dans une université et sont souvent eux-mêmes des entrepreneurs. Ils se baladent d'une conférence high-tech à l'autre, discutent entre eux, via un débat ou leurs blogs. Ils écrivent quelquefois des livres certains cohérents, d'autres non", raconte encore Farrel. Ils dépendent une économie d'attention. Ils réussissent à en vivre, s'ils attirent l'attention sur eux-mêmes et leur message". |
Farrel constate aussi que les débats autour du numérique et de la technologie dépendent directement ou indirectement de l'industrie qui paie les conférences, et les conférenciers. Résultat : les "techno-intellectuels" les plus connus partagent les vues des entrepreneurs en considérant que l'Etat doit laisser le marché diriger le business (droite), ou qu'il faut convertir l'administration à l'Internet (gauche).
Généralement, ces intellectuels, quelle que soit leur tendance politique, sont en gros d'accord, ils débattent rarement de la puissance de Google, de Facebook, ou des inégalités économiques. Dans cet univers où les débatteurs se cooptent entre eux, les voix discordantes n'arrivent pas à se faire entendre. Farrel conclut que si le contenu du débat est influencé par les conditions matérielles et l'influence de l'industrie, ré-orienter le débat nécessiterait de modifier ces conditions...
Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.
Déjà abonné.e ? Connectez-vousConnectez-vous