Préfecture de Marseille : Kurdes, "foutez le camp"
Ambiance à la préfecture de Marseille, où le directeur de cabinet du préfet de police et sous-préfet Gilles Gray recevait jeudi des membres de la communauté kurde. Le site du journal La Marseillaise, qui publie des extraits audio de la rencontre, décrit une scène où le sous-préfet, "entouré de représentants des forces de l'ordre et des ex-renseignements généraux", refuse une "manifestation spontanée de solidarité avec les minorités visées par Daech" que la délégation kurde voulait organiser, notamment sur la situation de la ville de Kobanê, assiégée par l’État Islamique.
"Moi si j'étais juif"
"Vous ferez ce qu’on acceptera, vous avez compris ça? C’est pas le club clodo ici, c’est pas le bordel", lance Gray, à propos d'une tente installée sur le Vieux-Port. Surtout, le sous-préfet incite les militants kurdes, qui lui expliquent pourtant qu'ils sont "civils, pas des militaires", à partir en Syrie plutôt que de manifester en France. "Vous avez vos sœurs et vos frères qui sont là-bas, il faut les aider, d’une manière ou d’une autre. C’est pas en faisant les cons sous l’ombrière que vous allez les aider. Ils ont besoin de kalash, d’hommes... estime le directeur de cabinet. Vous êtes kurdes, c’est un grand peuple le peuple kurde. Vous avez vos frères là-bas et vous êtes en train de mettre la merde à Marseille mais vous n’y êtes pas. C’est comme la communauté juive. Moi si j’étais juif à Marseille, pensant à mon peuple et à mon pays, ben je serais dans l’armée israélienne, pas à Marseille."
Un délégué kurde tente d'expliquer "que ça doit être possible de rester civil, de ne pas s’engager en guerre et d’attirer l’attention [sur le conflit]...". "Et de pas foutre le bordel chez nous ?" le coupe Gray. "On n'est pas là pour foutre le bordel !" s'emporte un autre Kurde. "Alors foutez le camp !" lâche le sous-préfet, qui estime que "les Marseillais et les Français s'en foutent".
La préfecture de police, contactée par Mediapart, a pour l'instant simplement indiqué qu'il s'agit de "propos personnels qui ne sauraient engager l’État". "Il y a eu une réunion de plus d'une heure pour caler tous les aspects administratifs, puis un échange de propos personnels, qui ne sont pas anodins mais n'engagent pas l’État.Il y aura forcément des suites qui relèvent du ministère de l'intérieur".
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