Berlusconi tente (en vain) de racheter les émetteurs de la rai
La société italienne d'antennes de diffusion Rai Way
Berlusconi aimerait-il se payer l’audiovisuel public ? La société italienne de télécommunications Ei Towers a lancé mercredi 25 février une offre publique d’achat et d’échange (OPAE) pour 1,22 milliard d’euros sur la totalité des parts de Rai Way, qui possède le réseau d'émetteurs de la Rai, l’audiovisuel public italien. Ei Towers est aujourd’hui détenue à 40% par l’ancien premier ministre Silvio Berlusconi au travers d’Elettronica Industriale, une société du groupe Mediaset qui lui-même est détenu par Fininvest, la holding de la famille Berlusconi. D’après le communiqué du conseil d’administration d’Ei Towers du 24 février 2015, "l’offre est lancée dans le but de créer un grand opérateur national unique dans le secteur des infrastructures […] qui permette de jouer un rôle important dans le secteur des télécommunications".
Le "Cheval de Troie" De "son emettence" Berlusconi
La décision a fait vivement réagir les médias italiens. Il Fatto Quotidiano, quotidien réputé de gauche, s’inquiète sur son site : "Si la Rai venait à accepter la proposition avec l’approbation du gouvernement, l’ancien Premier Ministre deviendrait associé de l’Etat dans ce business prometteur". Le risque d’avoir, à terme, une seule société – privée – de diffusion audiovisuelle est réel, et le quotidien n’hésite pas à qualifier l’offre de "cheval de Troie" lancé par "Son Emettence" Berlusconi.
Article du Fatto Quotidiano - 26 février 2015
Quant à la Fédération nationale de la presse italienne, la FNSI, elle souligne "la nécessité et l’urgence de réguler une fois pour toute la question délicate des conflits d’intérêt et de mettre en place des nouvelles normes en matière de droit de la concurrence". Même inquiétude du côté du syndicat des journalistes de la Rai, qui craignent une "mise en danger de la liberté d’information".
51% minimum pour l'etat
Le gouvernement italien n’a pas non plus apprécié cette tentative de rachat. Rai Way est aujourd’hui encore détenu à hauteur de 65 % par la Rai qui est, elle, propriété publique de l’Etat. Les parts restantes ont été vendues en Bourse par l’Etat depuis novembre 2014. L’offre d’Ei Towers vise donc à acquérir également les parts publiques de la Rai. A défaut d’obtenir les 100%, Ei Towers se contenterait d’un modeste 66,67% - qui lui garantirait la majorité "même dans le cas de délibérations extraordinaires", explique Il Fatto Quotidiano.
Le gouvernement a rappelé le 25 février par le biais d’un communiqué qu’un "décret de la Présidence du Conseil des ministres du 2 septembre 2014 a décidé de maintenir à 51% minimum la part de la Rai dans le capital de Rai Way".
Ce dimanche 1er mars, le ministre italien de l’économie Pier Carlo Padoan a rappelé à nouveau dans un entretien avec le quotidien de centre-droit Corriere delle Sera que le gouvernement "ne traite pas [du rachat des parts publiques de Rai Way], et n’a aucune intention de négocier […] Une part a été mise sur le marché, et c’est là que se feront les décisions". Autrement dit : si Ei Towers veut racheter les parts de Rai Way, il devra se contenter de celles déjà cotées en Bourse.
(Par Juliette Gramaglia)
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