Pollution : "réaction" entre fertilisants et trafic routier (Airparif)
Les centrales à charbon allemandes coupables de nous polluer ? C’était l’accusation lancée dimanche sur twitter à la veille de la mise en place de la circulation alternée pour tenter d’atténuer le pic – pardon le plateau de pollution prévu. Comme nous le racontions ici, cette accusation avait fait son apparition l’an dernier déjà lorsque le Nord de la France et notamment Paris avait connu en mars un épisode de ce genre. A l’époque, sollicités par @si, les responsables de Prev’air, le système national de surveillance de la qualité de l'air en France et en Europe, n’avaient su nous répondre faute de données.
Cette année, Karine Léger, ingénieure d’Airparif, l'agence de surveillance de la qualité de l'air en Ile-de-France, est formelle : la pollution de l’air parisien due aux industries du nord de l’Europe ou à des centrales thermiques allemandes est un "fantasme" assure-t-elle à Metronews. Interrogée également par Terra Eco, l’ingénieure est plus précise : "la pollution émanant des centrales à charbon est facilement traçable, car elle contient du sulfate. Or, pour cet épisode printanier comme pour celui de l’an dernier, nous n’en avons trouvé aucune trace".
Alors d’où vient cet épisode exceptionnel ? Selon Laurence Rouïl, responsable du pôle modélisation et cartographie environnementale de Prév’air, cet épisode est "avant tout le résultat d’une réaction chimique entre l’ammoniaque issu de l’épandage de fertilisants sur les terres agricoles et le dioxyde d’azote émis principalement par le trafic routier. [...] Il faut imaginer une cocotte chimique qui produit des particules, puis ça s’étend, ça s’étend. […] Avec zéro trafic routier, ce phénomène ne se déclencherait pas."
Pour autant, précise l’ingénieur d’Airparif, la France n'est pas la seule à produire la pollution qu'elle subit : "à conditions météo équivalentes, nos voisins produisent donc le même cocktail chimique. Ces grandes masses d’air ne s’arrêtent pas aux frontières". Et de préciser : "pendant que nous nous plaignons de la pollution venue de l’est, les médias britanniques ont des mots très durs contre celle qui leur arrive de France". On les voit d’ici : ah ces satanés pollueurs français !
L’occasion de revoir notre émission consacrée à l’épisode de pollution de l’an dernier: "Arrêtons de parler de pics de pollution, ce sont des plateaux !"
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