Légion d'honneur / prince saoudien : le scoop diplomatique de Causette
Le magazine s'est procuré les messages électroniques dans lesquels ces représentants de la diplomatie française débattent (et valident le principe) de la remise de la Légion d'honneur au prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Nayef.
"Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour faire plaisir à un futur roi saoudien? (...) Un échange de mails diplomatiques (intégralement reproduits ci-dessous, fautes d’orthographe comprises) est tombé dans le sac à main de Causette. Et il est scandaleux" : en quelques mots, le directeur de Causette, Grégory Lassus-Debat, annonce qu'il va lâcher une petite bombe.
Alors que le gouvernement français tente depuis plusieurs jours de justifier la remise de la Légion d'honneur au prince héritier (et ministre de l'Intérieur) saoudien Mohammed ben Nayef, les e-mails publiés par Causette ne vont pas lui simplifier la tâche. Si la rencontre avec le prince héritier était à l'agenda de François Hollande, c'est par la presse saoudienne que l'on a appris la décoration. L'information ébruitée, le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a plaidé "la tradition diplomatique". Mais les messages publiés par Causette révèlent que la décision a été prise en urgence, à la demande de l'Arabie Saoudite.
Mais l'échange montre surtout la manière dont ces hauts fonctionnaires ont cherché des arguments pour justifier la décoration, arguments qui "ne manquent pas de sel", estime Lassus-Debat. On peut ainsi y lire ces instructions du directeur de la section Afrique du Nord et Moyen-Orient au ministère des Affaires étrangères, Jérôme Bonnafont : "Il faut que ce soit discret vis a vis des medias mais sans dissimulation, si nous ne le faisons pas ce sera vu comme un camouflet et si on nous interroge on repondra lutte contre daech et partenariat economique et strategique. Rajoutons, pour faire bonne mesure, des elements droit de lhomme dans les elements [d]e langage bien sur".
La décision validée par le président français, le conseiller de François Hollande pour le Moyen-Orient David Cvach, m'annonce, et commente : "On fait - c’est le moment je suppose d’acheter des actions MBN [les initiales du prince]". Nul doute qu'à la prochaine occasion, le conseiller appuiera davantage ses conseils de "discrétion" vis-à-vis des médias.
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