"Pas de lien direct entre prud'hommes et chômage" (Etude / Les Echos)
Faciliter les licenciements pour mieux embaucher ? Depuis hier, cet argument, répété depuis trois semaines, est tombé comme l'expliquait Daniel Schneidermann dans sa chronique matinale. Le projet de loi n'a pas pour objectif de créer des emplois, selon Macron.
A-t-il alors pour but de restreindre le recours aux prud'hommes pour sécuriser les patrons qui souhaiteraient embaucher des salariés en CDI ? C'était l'autre argument, notamment relayé par le chroniqueur de France inter, Dominique Seux, mi-février, pour justifier cette réforme. "Aujourd’hui, si les salariés vont aux prud’hommes, ils gagnent dans la majorité des cas, le juge a son avis sur les motifs économiques et s'appuie sur une jurisprudence épaisse et parfois aléatoire", déplorait le chroniqueur d'Inter. Lequel finissait par s'interroger sur les limites de cette justice : "Il y a la manifestation d'une méfiance caractérisée vis-à-vis des délais et de la loterie des juges, qui devraient réfléchir à ce qu'il en est". Traduction : le droit du travail est touffu, et la justice prud’homale est bancale, le tout constituant un frein à l'embauche. Un argument classique, mais faux.
Dans Les Echos de ce jeudi 10 mars, journal dont Dominique Seux est directeur délégué de la rédaction, on apprend que "les recours aux prud'hommes restent stables" depuis les années 1970 d'après le Centre d'études de l'emploi (CEE), oscillant entre 150 000 et 170 000 affaires par an. Dans ces conditions, difficile de faire un lien entre le chômage et la "peur" de l'embauche. D'ailleurs, "si l'on compare le taux de recours dans l'Hexagone avec les saisines effectuées dans 23 autres pays européens, comme s'y est employé le CEE sur une année donnée (2010), la France est en dessous de la moyenne européenne". Conclusion de la journaliste des Echos, à partir de cette étude du CEE : "'Il n'existerait pas de lien direct entre le fonctionnement des prud'hommes et le niveau de chômage". Un élément de langage de moins. Dominique Seux évoquera-t-il cette étude dans sa chronique demain ?
L'occasion de lire la chronique de Daniel Schneidermann : "La débâcle jubilatoire des éléments de langage"
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