Nathalie Saint-Cricq, et ses deux amies
Et Nathalie Saint-Cricq l'a bien repérée. Le blocage des raffineries, et demain du métro parisien ? "Une technique révolutionnaire "bien or-ches-trée" analyse la grande cheffe du service politique de France 2, sur le plateau de Pujadas, en détachant les syllabes du mot or-ches-tré, comme dans chef d'orchestre clandestin. On vient de voir dix minutes de farouches grévistes déterminés, de petits patrons angoissés, de vigiles bousculés devant les pompes à essence par des automobilistes sans doute rameutés par l'appli Essence, et de barrages manipulés par la CGT. Il est temps de dégager le sens de ce chaos, ce qui revient à Nathalie Saint-Cricq. "Comment on paralyse un pays malgré une base rabougrie. Clairement on joue la rue et l'affrontement total. La CGT de Philippe Martinez veut tout faire sauter", lance-t-elle, en montrant -horreur- une affiche CGT avec des bâtons de dynamite. Pujadas, inquiet : "N'est-ce pas un pari risqué ?" Ah oui, pour être risqué, il est risqué. "D'abord, cette stratégie, elle est justifiée par un score en chute libre" (bis). Manifestement, Saint-Cricq n'a pas regardé le reportage précédent, dans lequel on voyait aussi, venant prêter main-forte aux barrages, des militants FO. Mais il est plus efficace de cartonner la seule CGT. Pas de place dans l'imaginaire saint-cricquien pour deux chefs d'orchestre clandestins.
D'autant que l'incendiaire Martinez n'a rien compris : "Rien ne permet de dire que cette stratégie va dans le sens de l'histoire" lui balance Saint-Cricq, qui ajoute ces deux mots lourds de sens : "au contraire". "Jouer l'explosion sociale, c'est prendre la responsabilité qu'il y ait un accident, un blessé ou un mort. (...) C'est un pari risqué de se mettre à dos durablement l'opinion publique. Exiger purement et simplement le retrait de la loi El Khomri, c'est jouer un va-tout qui n'a pratiquement aucune chance d'aboutir". Bref, Martinez et ses troupes sont des incendiaires assassins, et stupides par-dessus le marché, qui ne voient même pas qu'ils vont dans le mur. Dieu que le bolchevique est stupide !
Le matin, quand elle croque ses biscottes, Nathalie Saint-Cricq n'est pas seule. Deux vieilles amies lui chuchotent à l'oreille. Le Sens de l'Histoire dans l'oreille droite, l'Opinion Publique dans l'oreille gauche. Nathalie les tutoie, elle les connait depuis la maternelle. Elles la tiennent informée, et elle seule, à l'écart des foules vulgaires. Elles l'aident à tenir le cap. C'est pour cette raison que la télévision d'Etat, dans sa sagesse, a convié Nathalie à venir chaque soir distiller ses oracles. Le télespectateur ne connait pas sa chance.
Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.
Déjà abonné.e ? Connectez-vousConnectez-vous