"Soudanais en djellaba" dans le "Figaro" : de l'habit à l'amalgame
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"Soudanais en djellaba" dans le "Figaro" : de l'habit à l'amalgame

De l'importance, ou non, des détails qui désignent une communauté qui fait l'objet de préjugés...

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"Le/la journaliste veillera à ce que la diffusion d’une information ou d’une opinion ne contribue pas à nourrir la haine ou les préjugés", précise la Charte d'éthique mondiale des journalistes, votée en 2019. Une règle de moins en moins respectée, et plus que jamais urgente.

Dimanche de sidération. Dimanche 18 février, je lis et relis la newsletter "faits divers" du Figaro tombée dans ma boîte mail. Triple sidération, car je lis : " C'est dans un climat d'insécurité glaçant que les passagers du tramway parisien ont entamé leur week-end [...] à la station Butte du chapeau rouge". Bon sang, c'est à côté de chez mon fils! Inquiète, je découvre que l'agresseur suspecté est un "Soudanais vêtu d'une djellaba". Ah bon, et alors, est-ce si important pour figurer dès la deuxième phrase ? Perplexe, je continue ma lecture. Et comprends que ce monsieur qui brandissait "une lame de boucher" et "paraissait incontrôlable" a été tué par les policiers par "une vingtaine" de tirs et est mort "sur le coup" (du premier, ou du vingtième tir, l'histoire ne le dit pas).

Ça ne donne pas envie de rire, je suis bien d'accord. Un homme est mort, nul ne sait pourquoi, surtout pas la lectrice du site du Figaro que je suis ce matin-là. Ce que je comprends immédiatement, en revanche, c'est que ce média pense que j'aime avoir peur, et que j'ai encore plus peur si les méchants de l'histoire sont des étrangers. Et plus encore si ce sont des étrangers "patibulaires mais presque", pour invoquer Coluche.

Frayeur ou pas ? Passagers ou pas ? 

Reprenons. Les passagers du tramway ont été "glacés" de frayeur, nous dit-on. En fait, très peu. Non pas qu'une "lame de boucher" ne puisse pas être dangereuse, brandie mal à propos. Mais les faits se sont passés peu avant 3 heures du matin. Or, les derniers départs du tramway, le vendredi soir, sont à 1 heure 30. Et les premiers, le samedi, à 5 heures 30. Pas de tramway aux heures des faits. De quels passagers "glacés" parle-t-on alors ?

La journaliste qui signe la newsletter hebdomadaire ce week-end-là le sait pertinemment, puisqu'elle a aussi signé l'article figurant sur le site, vers lequel renvoie le mail. Elle-même indique que "peu avant 3 heures du matin", au niveau de la station de tramway, l'"individu" (sic) "demande un briquet à un homme". Un passant, donc. Pas "des passagers". C'est devant le refus de celui-ci que l'agresseur désigné dans ce récit aurait sorti "une lame de boucher". Puisqu'on nous sert des détails précis, on aimerait alors savoir s'il s'agit d'une feuille de boucher, sorte de hachoir, ou un couteau.

J'ai l'air d'en plaisanter, mais pas du tout. Je connais des gens qui ne sont pas racistes et qui lisent le Figaro. Parce que c'est leur éducation, leur milieu, leur goût... Et leur droit. Mais à force de lire des associations d'idées qui sont, de fait, de purs amalgames entre "étranger" et "danger", à force de se faire peur avec les mêmes ingrédients, ce public-là rejoindra sans toujours s'en apercevoir la cohorte de plus en plus nombreuse des "braves gens" qui se réveillent un jour racistes, perclus de trouille et bientôt de haine, l'une engraissant l'autre.

Ici, l'élément qui semble le plus important de ce fait divers tragique serait donc la façon dont est habillé cet homme - que l'on va dénommer "l'assaillant" par simplicité, bien que sa mort empêche tout procès. Car le détail apparaît au tout début de l'article. Or, la règle élémentaire du journalisme est de placer les informations les plus importantes en premier, histoire que le lectorat pressé connaisse l'essentiel des faits. 

Que peut bien signifier cette "djellaba" placée si tôt dans le texte ? En quoi ce détail éclaire-t-il les faits ? Est-ce qu'il y a eu une fuite entravée par un habit long, ou une interpellation rendue plus difficile, comme dans ce récit sur France 3 Occitanie sur un autre homme portant une djellaba ? Non. Décrit-on habituellement la tenue des auteurs d'agression ? Non plus. Même les "blousons noirs" n'ont plus la cote. Et on lit dans le Point où conduit l'obstination à vouloir décrire un agresseur qu'on n'a pas vu soi-même, lors cette attaque de 2013 contre un militaire : "chapeau, djellaba, pull et pantalon", chaque média décrit différemment la tenue de ce Français au discernement aboli

Et dans la newsletter "faits divers" du Figaro, alors ? À part souligner l'altérité vestimentaire de celui qui est aussi immédiatement désigné par sa nationalité, et donc stigmatisé "étranger", je ne vois pas.

Une djellaba est à l'origine un habit traditionnel du Maghreb, porté désormais par toutes sortes de gens, Elizabeth Taylor compris (!) si l'on en croit les photos qui traînent sur le web. Donc, un habit "arabe", ce qui sied bien, si j'ose dire, aux indications données ensuite : le monsieur que la police a fini par tuer aurait tenu des propos en arabe, et tenait un cahier portant des inscriptions en arabe.

De l'habit à l'amalgame

À ce moment de la lecture, tout Français ayant en mémoire les attentats terroristes sanglants des dernières années fait le rapprochement. Ou plutôt, l'amalgame. Peu importe que beaucoup des criminels impliqués ne soient pas des étrangers, la justification de leurs actes par leur lecture délirante d'une religion véhiculée en langue arabe - l'Islam - suffit à beaucoup (trop) de gens pour faire le lien. Et tant pis si, par exemple, l'attentat de Nice comptait parmi les victimes des Chrétien·nes, des Musulman·es ou des athées indifféremment.

 D'ailleurs, dans tous les faits divers impliquant des suspects d'origine ou de langue arabe, et/ou de religion musulmane, médias et parquet s'empressent bien souvent d'envisager la piste terroriste, quitte à l'écarter ensuite. Il m'apparaît, au contraire, que c'est précisément parce que cet amalgame est immédiat qu'il faut tenter de le tenir à distance tant que c'est possible.

L'une des règles déontologiques les plus importantes, mais aussi les plus ignorées, exige pourtant que "le/la journaliste veillera à ce que la diffusion d'une information ou d'une opinion ne contribue pas à nourrir la haine ou les préjugés ou fera son possible pour éviter de faciliter la propagation de discriminations fondées sur l'origine géographique, raciale, sociale ou ethnique, le genre, les moeurs sexuelles, la langue, le handicap, la religion et les opinions politiques". Elle est établie par l'article 9 de la Charte d'éthique mondiale des journalistes, votée en 2019 par le congrès de la Fédération internationale des journalistes - qui rassemble plus de 180 syndicats de journalistes du monde entier, tout de même.

La déontologie en question

Cet article 9 est sûrement le plus méconnu de toute la profession. Pour preuve : des discussions sans fin entre collègues pour déterminer si "le public a le droit de savoir" la nationalité ou la religion d'une personne suspectée d'un délit ou d'un crime, voire sa religion (comment vérifier la religion de quelqu'un, d'ailleurs ?), ou si on risque de porter préjudice à toute une communauté... Souvenons-nous des Musulman·es qui expliquaient raser les murs après les attentats de janvier ou de novembre 2015, alors qu'ils et elles étaient pareillement horrifié·es. Hélas, c'est souvent le fameux argument selon lequel "de toute façon, d'autres ont déjà donné l'info - autant le dire aussi" qui gagne, comme si dans une profession fondée sur l'indépendance d'esprit et la vérification des faits, celui-ci avait du poids. 

Les journalistes belges ont tellement bien identifié le risque de favoriser les préjugés, et donc le racisme, à leur corps défendant, qu'ils ont édité une recommandation spécifique "pour l'information relative aux personnes étrangères" en mai 2016.  Le premier article stipule : "Ne mentionner les caractéristiques personnelles [...] que si ces informations sont pertinentes au regard de l'intérêt général." Autrement dit, le conseil de déontologie belge conseille de se poser cette double question : "Quel est le dommage causé à l'information si ces caractéristiques ne sont pas communiquées ? Quel est le dommage causé à l'intéressé ou le groupe visé si elles sont données ?"

Visiblement, ce matin du 17 février 2024, la journaliste du Figaro n'a pas pris le temps de (re)lire la Charte mondiale. Il est fort probable qu'un samedi matin, à la rédaction, elle se soit retrouvée seule à débattre avec elle-même.

Pour rendre compte de ce fait divers tragique, rien ne justifie de citer l'habit, ni les inscriptions en arabe sur le cahier que tenait serré contre lui l'assaillant-victime. À ce stade de l'enquête, en tout cas : on est quelques heures après les faits, l'homme suspecté est mort. On ne sait donc rien de ses motivations, des raisons possibles de l'agressivité manifestée. Rien, donc, qui justifie qu'on prenne le risque de favoriser un préjugé, en l'occurrence contre un groupe de personnes susceptibles de porter un vêtement traditionnel arabe ou de parler arabe.

Parfois, apporter ce genre de précisions peut éclairer un événement. Ainsi, quand le Progrès rapporte un mouvement de panique à des obsèques dans une église lyonnaise en décembre 2016 : le fait, c'est la panique de cette famille qui déduit un risque en apercevant cet homme inconnu parmi eux, en habit assimilé à un "Musulman". On peut imaginer, ici, les émotions mêlées du chagrin et l'inquiétude, dans le contexte des attentats relativement récents de Nice ou de Saint-Etienne-du-Rouvray, en 2016, où un prêtre avait été attaqué en sa paroisse. Le lecteur du Progrès ne comprendrait rien à l'affaire si on ne précisait pas la tenue des personnes, puisque c'est elle qui a suffisamment troublé l'audience pour que la police soit appelée. Même type de fait traité par le Parisien, en pleine psychose - compréhensible - quelques jours après la tuerie du 14 juillet 2016 à Nice, avec ce Brésilien en djellaba priant devant l'École militaire à Paris.

En revanche, on voit bien où mène la psychose, que le traitement médiatique peut largement aggraver, quand on apprend qu'un Indien catholique a été dénoncé (!) alors qu'il sortait comme chaque matin de l'église qu'il fréquentait à Caen. C'était le 9 juin 2023, le lendemain du 8 juin, jour de l'agression commise contre des jeunes enfants dans un parc à Annecy. Agression que la très grande majorité des médias a relatée en indiquant immédiatement, une heure après les faits, l'origine "syrienne" de l'assaillant, provoquant aussitôt une fièvre xénophobe et islamophobe à l'extrême-droite mais aussi dans la droite dite républicaine. Le soufflé était vaguement retombé quand d'autres éléments d'information ont filtré, notamment la religion du suspect, alors décrit comme "un bon Chrétien".

Le piège de la source "fiable"

Une circonstance peut expliquer le dérapage déontologique : la confiance aveugle d'un média dans sa source principale. Car, ce qu'on comprend en lisant la dépêche AFP, telle que la reproduit Mediapart à 10h55 ce 17 février 2024, c'est que c'est le parquet qui fournit tous ces détails à la presse, en citant notamment l'habit de "l'individu menaçant, vêtu d'une djellaba et muni d'une lame de boucher". Il est frappant, d'ailleurs, que la dépêche ne se réfère qu'à cette seule source.

On peut comprendre que la mission d'une agence de presse est de donner tous les éléments qu'elle a en sa possession : à la charge des médias qui la reprennent de trier et hiérarchiser l'information selon leur ligne éditoriale... et la déontologie. Et après tout, le fait que le parquet détaille la tenue vestimentaire en dit déjà long sur l'imprégnation des préjugés.

Mais les journalistes ne sont pas la chambre d'écho du parquet. Les procureurs font partie des sources plutôt fiables, certes, mais n'est source fiable que la source qui a été recoupée au moins deux fois, apprend-on dans les écoles de journalisme. Or, ici, à lire différents articles, on comprend rapidement que le parquet donne les mêmes éléments que la police. Il n'y a donc pas de vraie diversité des sources. De surcroît, les deux enquêtes, sur  l'agression mais aussi sur l'homicide commis sur le suspect, sont tout juste ouvertes.

La prudence devrait donc être de mise, et les éléments d'information délivrés au compte-goutte de la pertinence : quels sont ceux qui sont susceptibles d'éclairer les faits ? Sûrement pas la djellaba, sauf à prendre parti pour un mobile lié à un vêtement ? Sûrement pas non plus la nationalité. À moins que ce caractère étranger puisse faire envisager une incompréhension entre les forces de l'ordre et celui qui "refuse d'obtempérer" ?

Dans tous les cas, préciser cette origine étrangère, les mots arabes de l'homme et de son cahier, et la tradition arabe de son habit sont évidemment de nature à favoriser un amalgame et une discrimination contre tout un groupe. Les journalistes qui ont répété les infos du parquet sans davantage réfléchir ont balayé trop rapidement un scrupule déontologique.

Il était pourtant possible de faire autrement. La preuve ? Le Parisien, premier à donner l'information sur son site, à 8 heures 55, ne cite pas la tenue vestimentaire. L'article décrit les faits de manière très détaillée, livrant même l'identité de l'homme, ce qui laisse à penser qu'un ou une journaliste s'est rendu sur les lieux et a eu des contacts que d'autres, qui se sont contentés du discours du parquet, n'ont pas eus.

D'autres médias plus circonspects

Ni Franceinfo, ni France 3 Ile de France ne mentionnent le vêtement. La télé régionale évite même, dans sa brève télévisée au journal de la mi-journée, de citer la nationalité et d'utiliser le mot "abattu" - comme quoi il est possible de peser ses mots. Vertu du service public ? Que nenni : TF1 et Europe 1 évitent l'écueil également. Quant à BFMTV, le site ne dit rien du tout du drame, même pas une petite brève. Rien non plus dans la matinale télévisée de CNews le 17 février. Est-ce parce que le drame est déjà dénoué, mortellement ? Est-ce parce l'homme décédé est "inconnu des services de police", et même pas sous OQTF, si on me permet ce cynisme ?

Parce qu'il y a des journalistes qui essaient de faire bien leur travail dans tous les médias, même chez Bolloré, il faut saluer le travail de reportage effectué par un collègue de CNews et visible sur le site seulement : son reportage vidéo permet d'entendre deux témoins très intéressants, y compris le premier interlocuteur qui a été aux prises avec l'assaillant tué. Et d'avoir un autre regard sur les faits et ce sentiment de panique qui a pu saisir les policiers, et qu'on ne capte pas sur la vidéo d'une riveraine diffusée dans le reportage. Mais déjà faut-il cliquer sur la vidéo. Car celui ou celle qui a éditorialisé le sujet a pondu une titraille absolument raccord avec la ligne extrême-droitière de CNews : la lame de boucher est devenu une "machette", ce qui colle bien avec l'adjectif "soudanais" dans l'inconscient collectif du public de CNews. L'article se veut plus factuel, mais il est écrit à l'indicatif, ne cite aucune source, et les pistolets des policiers deviennent des "armes administratives" et on a tout fait pour sauver l'"individu" qui avait "refusé d'obtempérer" puisque les secours lui ont prodigué un massage cardiaque. Qu'on se rassure donc, toute la grammaire CNews est déployée.

Pourquoi mes camarades journalistes respectent donc si peu cette règle déontologique de prudence ? Est-ce de la négligence ? Une méconnaissance du pouvoir des mots ? Un oubli de notre responsabilité immense comme passeurs d'info ? Un manque de temps ou de dialogue en interne pour se questionner ? Ou - ce qui m'inquiète encore plus, parce que c'est difficile à parer - un préjugé partagé intimement, "à l'insu de leur plein gré", comme chez une partie de la population française qui paraît grandir à chaque fait divers mettant en cause une personne dont on signale la nationalité sans raison ?

Et si l'info était là?

Peut-être que ce détail de la djellaba a finalement son importance. Des commentaires lus sous la dépêche AFP me font envisager une tout autre lecture. Le récit des faits est détaillé, mentionnant origine et vêtement, mais prudent, avec beaucoup de conditionnel et des propos attribués systématiquement à des sources identifiées. Les faits placés en premier, comme les plus importants, sont la mort de cet homme "inconnu de la justice" et les deux enquêtes ouvertes. L'illustration de l'article retient deux faits en légende: "L'homme décédé est un Soudanais en situation régulière. Il n'avait pas d'antécédents judiciaires." Et si c'était ça, l'information ? Le décès d'un étranger qui jusqu'ici n'avait causé de tort à personne ? Et, dans les petites heures du samedi 17 février, avait "seulement" pétrifié de peur un passant et quelques policiers ?

Autrement dit : et si cette tenue vestimentaire avait conduit les forces de l'ordre à sur-réagir?  "Une vingtaine de tirs" et "mort sur le coup", dit le Figaro. "Vingt-deux cartouches" et "touché par sept balles", dit le Parisien.  Peut-être que s'ils avaient fait face à un monsieur blond habillé en complet veston, ils auraient eu moins peur de la lame de boucher et n'auraient tiré que dans les jambes ? C'est là que se mesure le pouvoir mortifère des préjugés, et le rôle des médias dans la fabrique des fantasmes.

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