Nos abonnés au diapason
Je ne vais pas vous livrer ici les résultats complets de ce questionnaire. Ils sont disponibles ici (pour ceux d'entre vous qui ont répondu volontairement) et là (pour ceux qui ont été choisis au hasard sur nos listes d'abonnés). Et pour prévenir vos éventuelles objections : oui, il vaut ce que valent tous les sondages, pas plus, pas moins. Oui, il a été envoyé au mois d'août, quand les aoûtiens ne sont pas là, par définition, et clôturé dans la nuit, victime de son succès. Oui, nous savons tout celà. On aurait pu le faire plus tard, plus large, plus long. Mais j'avais besoin, pour ré-attaquer l'année, d'entendre la tonalité de vos réponses. D'un diapason, si vous préférez.
Quelques réflexions en vrac, à chaud, tandis que le diapason vibre encore.
D'abord, pour certaines questions, la tonalité n'est pas la même entre les deux panels interrogés.
Première chose, votre rythme n'est
pas forcément le nôtre. Nous, on passe toute la journée sur le
site. On imagine donc que vous aussi, nous consultez fiévreusement,
plusieurs fois par jour, en quête de nouveautés. Eh bien
non. Plus précisément, c'est vrai pour les répondants "volontaires", qui s'affirment volontiers "addict", mais pas du tout pour ceux que nous avons interrogés au hasard, qui se connectent majoritairement une ou plusieurs fois...par semaine. Le sondage fait donc apparaître deux fréquences de connexion au site très différentes l'une de l'autre. Nous essaierons d'en tirer les conséquences.
Autre chose. Prenons
la question : "seriez-vous intéressé, et
disponible, pour recevoir une gazette quotidienne ?"
Si
les "volontaires" ne manifestent guère d'enthousiasme, en revanche
cette perspective réjouit davantage les abonnés choisis au hasard. Pas
étonnant. Les assidus sont des chasseurs. Ils passent leur
journée dans la savane, en quête d'infos, de réactions, qu'ils propageront aussitôt. Mais une autre partie de la tribu (la majorité ?) ne déteste pas qu'on lui
apporte sa pitance à domicile. C'est une sorte de division du
travail, qui s'amorce. N'empêche : je vais vous faire un aveu.
J'ai introduit cette question, parce que l'idée de vous écrire tous les jours,
de transformer la "matinaute"
en mail quotidien, que vous trouveriez dans votre boîte, me
séduisait. Les réactions étant partagées, l'envoi de ce petit mot doux matinal se fera sur la base du volontariat. Tous nos abonnés recevront ces prochains jours une gazette leur proposant...de recevoir une gazette quotidienne. J'espère bien que les candidats seront nombreux, mais on ne forcera personne.
Nos deux populations se rejoignent sur leur mode d'information, autour de ce constat : vous
vous informez majoritairement sur le Web. Vous consultez tous les
jours des sites d'info (Rue89, et Le Monde arrivent en tête),
et ne regardez la télé qu'occasionnellement. Comme si
vous saviez que plus aucune information ne vous parviendra de ces
étoiles mortes, que sont les médias traditionnels.
De
ce sentiment, découle celle de vos réponses qui m'a le plus surpris.
Avant même des infos concernant la télé, les journaux,
ou Internet, vous estimez primordial que nous vous donnions...des
informations que vous ne trouvez pas dans les médias français. Au
moins autant qu'une analyse critique de ces médias français,
dont vous n'attendez plus grand chose, vous souhaitez que nous les
suppléions à l'occasion. Que nous fassions les
enquêtes, les émissions, qu'ils ne font pas, que nous
ayions les audaces qu'ils n'ont plus.
C'est
évidemment une attente beaucoup trop ambitieuse pour nos
petits moyens. Avec notre micro-rédaction de trois
journalistes permanents, avec notre valeureuse poignée de chroniqueurs, nous ne pouvons prétendre effectuer
autre chose que des coups de sonde, sur quelques sujets bien choisis
(ce qu'on appelle, en gros, un média de niche). Mais comme je
comprends ce "il faut tout faire soi-même" ! Comme le projet est
tentant ! Et nous avons d'ailleurs commencé à aller
dans cette direction, par exemple avec notre émission "D@ns le texte" : aucune émission littéraire ne nous
satisfaisant dans l'offre actuelle, plutôt que de nous lamenter
ou de gaspiller de l'encre à critiquer les existantes, nous en
avons créé une, qui ne ressemble à aucune autre.
Nous continuerons. Mais sans jamais nous prendre pour le média
exhaustif, que nous ne sommes pas.
Pour
autant, vous n'attendez pas de nous des scoops. Cela n'est clairement
pas, selon vous, notre fonction prioritaire. Vous nous voyez
comme un média de deuxième ligne : vous préférez
des analyses, vous aidant à faire le tri dans les annonces, les manchettes, et les scoops des autres. Cela pourrait sembler contradictoire avec la réponse
précédente. Cela l'est peut-être. Ou alors, cette contradiction démontre que l'on peut faire dire ce que l'on veut aux sondés, en fonction de la formulation des questions. L'art du sondage, encore une fois, est un
art compliqué.
Mais nous ne sommes pas seulement un site d'information. Nous le sentons bien depuis le début, vous nous assignez plus ou moins confusément un autre rôle : un lieu communautaire, dans lequel on se retrouve, on
partage, on propage. Mais pas n'importe comment. Sur cette dimension-là de notre aventure, vos
réponses nous offrent une image très fine de vos
attentes et de vos comportements.
Si l'écrasante majorité
d'entre vous ceux-qui-étaient-là au-mois-d'août-et-qui-ont-tiré-les-premiers participe peu, ou pas du tout, aux
forums, si une grosse majorité ne les lit
même pas, si vous votez peu, cela ne signifie pas que vous ne soyiez pas partageux.
Beaucoup ont envoyé des contenus à
des amis, et la majorité serait d'accord pour que nous
laissions davantage de contenus en accès libre, aux
non-abonnés. Autrement dit, vous nous déléguez
la fonction de propager notre travail. C'est d'ailleurs une des phrases qui reviennent le plus souvent, dans le commentaire libre de la fin : faîtes comme vous le voudrez, comme vous le jugerez bon, on vous fait confiance, etc.
Car il s'agit bien de travail, davantage que de plaisir. Si l'utilité de rencontres régulières entre @sinautes, dans votre ville ou votre région, ne vous saute pas aux yeux, pas davantage qu'un développement d'un espace "communautaire", en revanche vous seriez d'accord pour que nous nous engagions dans des actions citoyennes, et vous seriez même prêts à y participer. Parfait. Ce n'est pas tombé, non plus, dans l'oreille de sourds. En résumé, on n'est pas là pour discutailler, mais si l'on peut agir, oui.
Enfin, deux satisfecits : articles et émissions sont à la bonne longueur, ni trop courts, ni trop longs. De la même manière, on n'est ni trop, ni pas assez engagés. Ouf !
On va maintenant digérer tout ça. Avec votre vibration dans l'oreille.
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