Insoumissions
Même chez Dassault, ami pourtant fidèle. Figurez-vous qu'il renâcle à racheter Le Parisien : trop cher ! Pourtant, raconte Le Point (meilleur investigateur sur les patrons de médias que sur les femmes de polygames, on sent clairement une connaissance plus fine du terrain), Guéant n'a pas ménagé ses efforts. Pour éviter que Le Parisien tombe en de "mauvaises mains" avant 2012, il a fortement incité l'avionneur à se pencher sur l'affaire. Et pour faire pression, de l'autre côté, sur la vendeuse, Marie Odile Amaury, l'Elysée aurait dégainé cette terrifiante menace : si vous renâclez à vendre à Dassault, on vous fera payer les gendarmes qui assurent la sécurité du Tour de France. Non mais !
Où l'on apprend donc que c'est le contribuable, qui paie une partie de l'organisation de ce rassemblement annuel de dopés, qui mobilise trois longues semaines les routes et les antennes. Voilà une aide à la presse, qui était passée inaperçue. N'empêche que la manoeuvre (à en croire Le Point) va échouer. Guéant s'est montré impuissant, face à une vendeuse qui ne souhaite pas vendre, et un acheteur qui ne souhaite pas acheter, à concrétiser la belle opération projetée : concentrer deux des plus importants quotidiens nationaux subsistants entre les mêmes mains du même industriel dépendant des commandes de l'Etat. Tout aussi impuissant, que la saison dernière dans l'affaire du Monde, quand l'Elysée avait pareillement tenté de favoriser la reprise du journal par le tandem Perdriel-Olivennes.
Insoumission aussi à la Cour d'appel de Versailles ? On reste encore stupéfait devant l'audace du supérieur de Courroye, le procureur général Philippe Ingall-Montagnier. La main tremblante, le verbe hésitant, il vient, si l'on a bien compris, de lâcher Courroye, et de l'obliger, sur l'affaire Woerth-Bettencourt, à désigner des juges d'instruction indépendants, comme le réclame la gauche depuis le début de l'affaire. Le temps que ces juges d'instruction s'instruisent eux-même, puis commencent à instruire, la porte est ouverte à une mise en examen de Woerth, et à un éventuel procès...après 2012. On notera aussi que le procureur général a attendu la veille de la fin du débat parlementaire sur les retraites, pour accomplir le geste fatal. Il n'est pas interdit à un insoumis de savoir regarder un calendrier.
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