Jean-Marie qui ?
Le jour où (les musulmans de Marseille, NDR) seront 800.000, le maire ne s'appellera plus Gaudin mais peut-être Ben Gaudin" a lancé la semaine dernière Le Pen, de passage à Marseille. On aura vu passer cette énième provocation lepéniste, sur les écrans, en n'y jetant qu'un oeil distrait. Les doigts du matinaute n'ont même pas eu le courage de cliquer sur la formule. Je ne sais même pas si quelques uns de nos @sinautes l'ont relevée dans les forums du site. D'ailleurs, le résultat est là: même pas un petit dossier Le Pen, sur notre site. Et tapons Le Pen dans notre espace de recherche: quelques articles sur Marine, quasiment rien sur Jean-Marie.
Comme le temps passe ! L'éditorialiste politique Thomas Legrand sur France Inter, rappelait qu'il fut un temps où la formule se serait immédiatement propulsée à la Une, où les radios, dès le lendemain matin, eûssent éclaté en réprobation, convoqué les spécialistes ès-xénophobie, donné la parole aux auditeurs. C'est fini. Le Pen est un épouvantail usé, un vieux vendeur de parapluies qui remballe la marchandise, et la re-déballe sans trop d'espoir en sentant quelques gouttes de pluie (Legrand, encore). A cette ringardisation, Legrand avance plusieurs raisons, dont celle-ci: la peur des délocalisations a chassé la peur de se faire voler son emploi par des étrangers en France, privant Le Pen du coeur de son fonds de commerce. Peut-être.
Risquons une hypothèse complémentaire: la place est prise. Non pas la place du tribun du racisme, évidemment, mais celle du Grand Sidérateur, du dispensateur de vérités-décomplexées-que-tout-le-monde-pense-tout-bas, cette place est solidement occupée. Même si la crise, ces jours-ci, semble avoir calmé ses ardeurs, le grand semeur d'effroi siège désormais à l'Elysée, ne laissant que peu d'espace à la concurrence.
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