Nuage d'encre
, posons deux hypothèses. Soit Sarkozy a monté l'opération dans un but très précis; soit, il s'agit d'une gesticulation creuse supplémentaire, destinée à occuper le terrain. Eliminons la seconde (non pas qu'elle soit moins plausible, mais simplement parce qu'elle est intellectuellement moins excitante).
Partons sur la première. Quel peut être ce but (ou ces buts) ? Par simple déduction, sans clairvoyance exceptionnelle ni informations particulières, on peut en supposer deux, imbriqués l'un à l'autre. 1) Prendre date, dans la perspective d'une préparation psychologique des Français à la mise sous surveillance allemande, sous une forme ou sous une autre, des budgets de l'Etat français, en échange du consentement allemand à l'épongeage d'une partie de la dette européenne par la création de monnaie. 2) Intégrer au forceps ce projet peu enthousiasmant dans un discours de candidature qui soit, au moins en apparence, déclencheur d'applaudissements en meetings, de Marseillaises enflammées, de port de T shirts ridicules mais rigolos, bref, d'une dynamique de campagne. Le bref passage du discours sur la discipline, qui doit aller de pair avec la solidarité, et vice-versa, est compatible avec cette hypothèse. La Une de Libé, je dois le reconnaître, exprime cela plus clairement que moi, et avec l'avantage de la concision: Merkozy candidat, c'est un joli résumé. Je pourrais chipoter sur le "Merkozy", qui suggère une égalité entre les deux membres du couple, mais bon, l'heure n'est pas aux chipotages.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce double but, ni d'ailleurs aucun autre, n'est pas apparu immédiatement à la petite escouade des "commentateurs présidentiels", qui colonise le système médiatique français. Il n'était qu'à voir et entendre les 20 heures d'hier, les citations énigmatiques choisies en titres à la Une de la presse en ligne, et encore les commentaires de ce matin sur des points secondaires, pour voir que l'escouade n'entravait que pouic, au dessein occulte présidentiel. Ce qui ne serait pas plus grave que ça (tout le monde a le droit de ne pas comprendre), si au moins elle l'admettait au lieu, comme d'habitude, de se noyer voluptueusement dans le nuage d'encre présidentiel, en faisant semblant d'avoir tout compris. Et à propos des rapports entre Sarkozy et son escouade, savez-vous que vous n'avez plus que quelques heures, pour profiter de notre offre spéciale sur "L'interview impossible", le livre dans lequel vous lirez toutes les questions qui ne seront jamais posées à Sarkozy (et leurs réponses inavouables) ? Tous les renseignements ici. |
Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.
Déjà abonné.e ? Connectez-vousConnectez-vous