Un exemple de sarko-bashing idiot
Le Parisien nous en offre ce matin un exemple, en détaillant, enquête exclusive à l'appui, les frais de communication de Sarkozy. Horreur et stupéfaction : ces frais se montent à 7,5 millions d'euros, soit "12 centimes par Français". Pour arriver à ce total, Le Parisien a consciencieusement additionné des choux, des carottes et des topinambours, ajoutant par exemple les frais d'abonnement presse à ceux de déplacement, et comptabilisant dans son total les salaires des "plumes" de Sarkozy, à côté des frais de rénovation de la salle de presse de l'Elysée, dans laquelle il a fallu développer, excusez du peu, "20 kilomètres de câbles". Rendez vous compte : Sarkozy voyage, discourt, et lit les journaux ! Aucun président avant lui, certainement, n'avait poussé si loin la gabegie.
Pourquoi est-ce idiot ? Parce que ce genre "d'enquête" noie le scandale réel dans le scandale fictif. Le scandale réel, c'est l'opacité des conditions d'attribution et du contenu des sondages produits en exclusivité, et sans appel d'offres, par la vaillante famille Buisson (tous les détails de la saga sont dans notre dossier). C'est le blocage, pour l'instant, de toute commission d'enquête parlementaire sur le sujet. Ce pourrait être aussi (détail noyé dans l'enquête du Parisien) la renonciation par l'Elysée à traduire son site en espagnol et en allemand, au bénéfice de la seule traduction anglaise. Ce n'est pas la rénovation d'une salle de presse. Le Parisien, qui va mal, aura sans doute voulu tenter de jouer au Daily Telegraph, auteur de la campagne de scoops sur les notes de frais des parlementaires britanniques. Mais l'imitation est un art difficile.
D'ailleurs, les communicants de l'Elysée, s'ils coûtent cher, travaillent vite et bien. La preuve : ils ont répliqué à l'enquête du Parisien par un argument sans réplique (que Le Parisien reproduit) : ces 7,5 millions ne représentent que la moitié des frais de communication de la région Ile de France (15 millions), présidée par le socialiste Jean-Paul Huchon. D'où vient ce nouveau chiffre ? Que regroupe-t-il exactement ? Peut-on vraiment le comparer aux 7,5 millions de l'Elysée ? Le Parisien n'en dit rien. Ce sera pour une prochaine enquête, certainement.
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