Avent #19. Le jour où on a croisé une censure myope
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Directeur de l'information de France 2, Olivier Mazerolle s'était juré, pour des raisons qui lui appartiennent, de ne jamais venir sur le plateau d'Arrêt sur images. Promis juré. Et pourtant ce 21 septembre 2003 il est là, rageur, penaud, repentant, après une lourde erreur de sa chaîne.

Résumons. A Toulouse, une rumeur urbaine persistante a affirmé que l'ancien maire Dominique Baudis (devenu entretemps président du CSA) avait participé à des orgies, au cours desquelles des prostituées auraient été assassinées. Dans l'emballement et la concurrence entre chaînes, France 2 a diffusé un témoignage délirant, sans aucun fondement. Ce n'est sans doute pas la première fois qu'un media diffuse une information délirante, mais il se trouve que là, la victime de la rumeur est président du CSA, et ça change tout.

A Arrêt sur images, nous décidons de consacrer à cette affaire une enquête tout en images, tournée à Toulouse. Moyens exceptionnels, pour une affaire hors normes. Mais alors que notre émission est prête à être diffusée, le directeur de France 5, Jean-Pierre Cottet, s'émeut. Cette affaire est "sale", me dit-il, affligé, ajoutant que la diffusion n'est pas justifiée par une actualité immédiate. Ce dernier argument est recevable.  J'accepte de surseoir à la diffusion de l'enquête jusqu'au jour, certainement proche, où un rebondissement la justifiera. Là-dessus, je reçois un appel de Baudis, auprès de qui la direction de France 5, manifestement peu au fait des détails de l'affaire, s'est vantée de ce report. Baudis s'alarme. Il tient à me signaler que pour sa part, il est parfaitement favorable à la diffusion de notre enquête. Je le rassure. Il n'a jamais été question de "trapper" cette enquête, et le report ne saurait être long.

Comme par miracle, la direction de France 5 est soudain très pressée de diffuser notre enquête. Mais en l'assortissant d'une réponse du directeur Mazerolle. Problème : notre enquête est déjà longue. Qu'à cela ne tienne, pour la première fois dans l'histoire de l'émission, France 5 casse sa grille, et va nous offrir dix minutes supplémentaires. Ainsi, à l'issue de ce quiproquo, leçon de choses en direct sur les rapports de force dans la télévision publique en France, nous avons diffusé cette semaine-là l'émission la plus longue de toute notre histoire. Et fait l'expérience, pour la première et la dernière fois, d'une tentative de censure, tellement stupide qu'elle s'est auto-détruite. DS.

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