Bettencourt : Mediapart, le Point et le majordome en correctionnelle
Affaire Bettencourt, épisode 212. Au sommaire : le renvoi en correctionnelle des cinq journalistes au coeur de l'affaire et du majordome des Bettencourt. En effet, vendredi 30 août, les juges bordelais qui instruisent l'affaire ont renvoyé six personnes devant le tribunal correctionnel. Il s'agit de Pascal Bonnefoy, le majordome de l'héritière de L'Oréal. Franz-Olivier Giesbert et Hervé Gattegno (aujourd'hui à Vanity Fair), du Point. Edwy Plenel, Fabrice Arfi et Fabrice Lhomme (aujourd'hui au Monde), de Mediapart. Le motif ? Atteinte à la vie privée. Cette décision est la suite logique de celle prise le 4 juillet dernier, par la Cour d'appel de Versailles. Cette dernière avait en effet ordonné au Point et à Mediapart la suppression de tous leurs dossiers Bettencourt, sous peine d'une amende importante. @si vous avait raconté les différents épisodes ici et avait consacré une émission au sujet, avec notamment François Bonnet, le directeur éditorial de Mediapart. |
Dans son arrêt la Cour d'appel avait fait prévaloir le droit au respect de la vie privée sur le droit à l'information. Les contenus de Mediapart censurés, ont été repris intégralement par d'autres médias: Les Inrocks, Rue89, Le Soir, et Arrêt sur images.
Pourtant, en juillet 2010, une première décision de justice avait donné raison à Mediapart et au Point. Les demandes de retrait des enregistrements pirates émanant de Liliane Bettencourt et Patrice de Maistre avaient été rejetées par le Tribunal de grande instance dans un premier temps. Un verdict confirmé et redoublé suite à une nouvelle assignation datée du mercredi 20 juillet. La Cour d'appel donne raison à Mediapart.
Dans un article purement factuel Mediapart détaille la procédure en cours et reprend l'ensemble des éléments passés. Le Monde revient aujourd'hui sur le bras de fer entre Mediapart, Le Point, et la justice. La problématique du droit d'informer pour les uns, le respect de la vie privée pour les autres. "Il est nécessaire de ne pas perdre de vue que les enregistrements, qualifiés par les journalistes eux-mêmes de clandestins, ont été réalisés au domicile de Mme Liliane Bettencourt et que cette simple constatation suffit à matérialiser le délit", écrivent les juges dans leur ordonnance de renvoi. Toutefois, ces derniers prennent un peu de distance avec le jusqu'auboutisme de la Cour d'appel de Versailles. En effet, là où les juges versaillais ne s'intéressaient pas au droit d'informer, les juges d'instruction, eux, appellent à un débat contradictoire et public sur la question. "Ainsi, la question de l'éventuelle légitimité de la publication des articles litigieux ne peut en aucun cas être tranchée par la juridiction d'instruction dans le secret de son cabinet mais doit faire l'objet du débat contradictoire et public que seule une audience permet", peut-on ainsi lire dans le document. "La question est donc de savoir si l'atteinte de la vie privée était justifiée par l'importance des faits révélés et le droit du public d'en être informé", renchérit de son côté le quotidien.
Par Ludivine Laniepce-Fleury
L'occasion de relire l'ensemble de nos articles sur l'affaire Bettencourt.
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