Bygmalion : 1 million récupéré par les fondateurs (Le Point)
On connaissait Bygmalion. Il va maintenant falloir se familiariser avec BM Consulting, BM Patrimoine, AMM Participations ou encore TPRM Investments Ltd. La semaine dernière, sur notre plateau, le journaliste du Point qui couvre l'affaire, Christophe Labbé, nous promettait de nouvelles révélations. Nous y sommes : d'après Le Point (article payant), les deux co-fondateurs de Bygmalion, Bastien Millot et Guy Alvès, anciens collaborateurs de Jean-François Copé, n'ont pas eu besoin de se verser des divididendes pour s'enrichir et récupérer une partie des bénéfices de la société qui a organisé les meetings de Sarkozy en 2012. Possédant chacun leur propre société de conseil, détentrice de parts de Bygmalion, Millot et Alvès ont facturé des prestations... à Bygmalion elle-même. Voilà comment le duo aurait réussi à "sortir" l'argent de Bygmalion en toute discrétion. Ce que Violette Lazard, la journaliste de Libération que vous avions invité sur notre plateau, n'avait pas réussi à démontrer dans son livre Big magouilles, expliquant plutôt que la société aurait été un véritable panier percé en raison d'une gestion "désastreuse".
Visiblement, la gestion n'a pas été un désastre pour tout le monde. D'après les calculs du Point, entre 2011 et 2013, Bygmalion a versé près de 1 million d'euros à BM Consulting, la société de conseil de Millot, dont les deux tiers ont fini directement dans sa poche : "380 000 euros ont atterri sur ses comptes, tandis que 365 000 euros faisaient un détour par une autre société, BM Patrimoine, mise depuis au nom de sa mère", précise Le Point. Avec cet argent, Millot aurait investi dans la pierre, notamment dans une maison à Saint-Quentin (détenue à 49% via une SCI), un domaine de six hectares avec piscine et tennis en Picardie ou encore une villa à Sanary-sur-Mer. Les enquêteurs seraient également sur la piste d'une maison en Espagne, achetée en 2013. De son côté, Alvès a récupéré 442 000 euros de Bygmalion en 2012, via sa société AMM Participations. A eux deux, ils auraient donc ponctionné plus d'un million d'euros de Bygmalion, soit "l'équivalent de la perte affichée [de la société] à la fin de l'exercice 2012", relève l'hebdomadaire. Franck Attal, cadre de la société Event & Cie (filiale de Bygmalion en charge des meetings) est le troisième bénéficiaire de Bygmalion. Les 600 000 euros de dividendes qu'il a touchés (somme déjà évoquée par Violette Lazard) ont été transférés vers la société TPRM Ltd, laquelle a permis à Attal d'acheter un appartement de 110 m2 à Tel-Aviv. En outre, les juges ont lancé une commission rogatoire internationale pour vérifier les comptes ouverts par Attal à la Mizrahi Tefahot Bank, comptes non déclarés au fisc français. |
Au-delà de cet enrichissement personnel, que ni Libération, ni Mediapart n'avaient pu prouver comme nous l'expliquions dans notre émission, Le Point insiste sur le fait que l'explosion du coût de la campagne n'est pas seulement liée à l'organisation de meetings dans des délais très courts. Reprenant sa thèse de la surfacturation, avancée dès le mois de février, l'hebdomadaire explique que les enquêteurs se demandent si des prestataires, ayant surfacturé les prestations de Bygmalion au détriment de l'UMP, n'auraient pas rétrocédé une partie de l'argent touché. Trois fournisseurs d'Event ont touché à eux seuls près de 9 millions d'euros en 2012. Parmi ces prestataires, on trouve la société Leni, en charge des prestations vidéo pendant les meetings : sur les 4 millions d'euros gagnés par Leni pendant la campagne, un million est aussitôt ressorti dans une société baptisée "Destination Mithuco" et dont la gérante est la compagne de Jo Alet, présenté comme un proche de Franck Attal. La preuve qu'une partie de l'argent des prestataires a été rétrocédé ? C'est ce que sous-entend Le Point.
L'occasion de revoir notre émission sur l'affaire Bygmalion avec les journalistes du Point, de Libération et de Mediapart
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