Cantat en couverture : Les Inrocks expriment leurs "regrets"
Capture d'écran L'Obs
Les Inrocks s'expliquent. Dans une longue "intro" non signée publiée dans le numéro du 18 octobre et dévoilée par L'Obs, le magazine revient sur le choix de faire la Une avec Bertrand Cantat, condamné pour avoir battu à mort Marie Trintignant en 2003. Suite à la polémique et aux nombreux messages reçus par Les Inrocks, "nous avons éprouvé [...] le besoin de nous rassembler, de parler, de débattre, affirme le texte. Ensemble, en réunion générale et en plus petits comités, nous avons questionné cette couverture tout au long des jours qui se sont écoulés." Le journal explique qu'il n'y a pas eu d'unanimité au sein de l'équipe et que la question a fait l'objet de débats, ce que nous vous racontions ici. Conscient qu'il existe "un système d'oppression masculine dont la société ne veut plus", et rappelant ses convictions "contre les violences envers les femmes, contre le sexisme et pour l'égalité entre les sexes", l'hebdomadaire justifie néanmoins son choix. "Le journalisme exige, parfois, d'aller questionner les zones d'ombre, d'aller au-delà des frontières et des évidences, quelles qu'elles soient." Il ajoute : "Cantat avait-t-il le droit,après avoir tué Marie Trintignant de ses poings, à une vie publique ? Comment dissocier l’homme de l’artiste, et faut-il le faire? En tant que journalistes, nous sommes là pour poser ces questions."
Cependant, Les Inrocks assurent être "bouleversés" par "les réactions qui ont suivi". "Il était impossible de ne pas en tenir compte", affirment-ils. Si le magazine assume le traitement du retour de Bertrand Cantat dans la musique, "le mettre en couverture était contestable. A ceux qui se sont sentis blessés, nous exprimons nos sincères regrets."
Un autre média du groupe dont fait partie Les Inrocks, le journal féministe Cheek Magazine, s'est exprimé le 16 octobre sur la couverture, jugée "particulièrement symptomatique d'une complaisance envers les hommes violents" dans un édito. Expliquant sa réaction tardive "par le fait que nous appartenons depuis cette année au même groupe que Les Inrocks et que nous souhaitions avoir une discussion en interne avant de nous exprimer", l'équipe de rédaction du magazine féministe dénonce que la décision de mettre Cantat en Une relève de la "banalisation des violences faites aux femmes". "La bonne nouvelle, c'est que les temps changent, poursuit le magazine. [...] La couverture Cantat n'est peut-être qu'un vieux réflexe, appelé à disparaître un jour."
L'occasion de relire la chronique de Daniel Schneidermann, Cantat et les Inrocks, éthique et économie, et de revoir notre émission : Angot-Rousseau : "Les violences faites aux femmes systématiquement traitées comme un spectacle"
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