Espionnage général "improbable" : un blog du Monde contredit Le Monde
"Improbable". C'est le terme utilisé par Jean-Marc Manach, journaliste spécialisé sur les questions de protection de vie privée, à propos des révélations du Monde sur la DGSE. "S'il est certes techniquement possible d'espionner tout type de réseau de communication, le maillage décentralisé du réseau Internet, en France, fait qu'il est par contre improbable que la DGSE ait pu concrètement, financièrement et structurellement, placer l'intégralité de nos télécommunications sous surveillance afin de collecter et stocker nos méta-données (qui communique avec qui, quand, pendant combien de temps, d'où)", explique le journaliste dont le blog est hébergé par Lemonde.fr.
Concrètement, pour qu'un tel système d'interception de toutes les connexions internet en France soit effectif, il aurait fallu que la DGSE ait placé des bornes d'écoute dans tous les points d'interconnexion (notamment appelés DSLAM) qui envoient les données vers les tuyaux des fournisseurs d'accès internet. "Or, en France, on dénombre près de 16 000 répartiteurs téléphoniques, et quelques 40 000 DSLAM", relève Manach. "Pour faire de la surveillance massive, il faudrait aller au niveau de la Box", assure même le spécialiste réseaux, Stéphane Bortzmeyer. Pour Manach, une telle opération serait donc "improbable" car "les employés des FAI ou des fabricants de ces Box auraient forcément détecté la manip', sans parler des bidouilleurs qui auraient remarqué le trafic sortant de leur Box, et qu'il y aurait donc forcément eu des fuites dans les médias si la DGSE avait voulu tenter ce coup-là". Pour autant, Manach considère que la DGSE peut espionner une partie des données, notamment celles qui passent par le réseau hertzien (qui inclus le réseau GSM, GPS et wifi). |
De même, s'appuyant sur les révélations du magazine spécialisé Intelligence Online, Manach écrit que "la DGSE pourrait aussi écouter les câbles sous-marins dans lesquels transitent, par fibres optiques, une partie importante du trafic Internet international". Manière de confirmer que l'espionnage entre la France et l'étranger existe. "S'il n'existe donc pas, a priori, de "Big Brother" en France, il a bien des petits frères, installés à l'étranger de sorte d'exonérer la DGSE de répondre à la loi française", tout en lui permettant d'espionner le trafic Internet", conclut Manach.
Si vous avez raté le début de l'affaire, lisez notre article : "Big brother français : tous espionnés ?"
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