France 24 : et si l'espionnage d'Ockrent n'en était pas un ?
Télérama résume bien le dernier rebondissement de ce feuilleton compliqué d'une interminable lutte de pouvoir à la tête de "l'audiovisuel extérieur", qui regroupe France 24, TV5Monde et RFI : "Selon l’enquête de police que nous avons pu consulter, Candice Marchal, la proche de Christine Ockrent licenciée pour faute grave le 7 décembre 2010, n'a pas copié sur son ordinateur le contenu complet de cinq serveurs informatiques de l'AEF. D'après les documents que Télérama s'est procurés, il s'avère que ce sont les propres services informatiques de l'AEF qui ont réalisé le transfert de ces données sur l'ordinateur de la collaboratrice de Christine Ockrent (à l'époque numéro 2 de l’AEF). Une petite bombe qui devrait relancer l'affaire, égratigner la direction actuelle de l'AEF, et notamment son président Alain de Pouzilhac."
Le 24 novembre 2010, après étude de l'ordinateur de Marchal, un cabinet d'experts informatiques, Forensic remettait son rapport à l'AEF, et disait avoir "retrouvé dans le disque dur de Candice Marchal l'ensemble des documents présents sur cinq serveurs de l'AEF. Candice est immédiatement mise à pied." Marchal a ensuite reconnu avoir accédé à distance à des fichiers la concernant, pour savoir si elle était menacée de licenciement. La direction l'accuse d'avoir utilisé des codes d'accès qu'elle ne devait pas posséder, mais elle dément. Surtout, elle a toujours nié avoir copié le contenu des serveurs informatiques de l'AEF sur son ordinateur.
En fait, lorsqu'elle a rendu son ordinateur portable à son employeur, le 8 novembre 2010, il a été conservé dans les locaux d'AEF pendant plus de 15 jours. Selon l'enquête de police, c'est pendant cette période, qu'un technicien informatique travaillant pour AEF, a lui-même copié tous les fichiers dans l'ordinateur de Marchal. Il plaide"l'inadvertance" et la "manipulation hasardeuse". Libé n'y croit pas : "Impossible de croire qu’un informaticien ait pu se livrer à une telle opération, qui ne se fait pas en un claquement de doigt, sans l’annuler et sans même s'en apercevoir."
En clair, la direction de l'AEF, et Pouzilhac en particulier, est soupçonné d'avoir organisé un piège contre Ockrent, pour la faire partir (elle a finalement quitté la société en mai 2011). Plus grave, souligne Libération, Pouzilhac "est au courant des faits depuis décembre dernier", et bien qu'il sache que son accusation d'espionnage ne tenait plus, il "s’est bien gardé d’en faire état". Interrogé par le quotidien, l'avocat de Marchal "accuse Alain de Pouzilhac d’avoir sacrifié Candice Marchal dans le but d’obtenir le départ de madame Ockrent". Le patron d'AEF, joint par Libé, ne voit toujours pas le problème.
Mise à jour - 14h15 : Alain de Pouzilhac a réagi dans un court communiqué, où il affirme : "Il n'y a qu'une vérité, le piratage est avéré". Il affirme être "scandalisé par l'article de Libération", qu'il qualifie de "grossière manipulation" et de "gesticulation désespérée de la défense de Candice Marchal".
Un nouvel élément pour notre dossier: Ockrent le problème.
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