C'est ainsi que le présentateur télé se voit en tout cas, comme il le déclarait le 12 mars 2015 au site Puremédias. Lorsque les intervieweurs lui disent mal l'imaginer présenter l'émission de France 2 Cash Investigation, il répond : "J'ai tout de même posé huit fois une question à François Hollande dans Des paroles et des actes en 2012", affirmation répétée dans le magazine Télé 7 Jours, à qui Pujadas assure avoir posé huit fois une question "au président de la République, François Hollande."
Quelle audace ! A quoi fait référence Pujadas ? Nous avons recherché. En fait, le journaliste a reçu le 26 avril 2012, en pleine campagne présidentielle, François Hollande -alors simple candidat- sur son plateau et en a profité pour revenir sur une question qu'il lui avait déjà posée plusieurs fois quelques semaines plus tôt, à savoir "pensez-vous qu'il y a trop d'étrangers sur notre territoire ?". Pujadas montre alors deux extraits, l'un d'un journal télévisé et l'autre d'un précédent Des paroles et des actes, le 15 mars 2012, dans lesquels il pose respectivement quatre et trois fois la question, sous des formes plus ou moins semblables.
Retour plateau, où Pujadas s'étonne de la "tendance à l'esquive" du candidat. Lorsque François Hollande réaffirme, comme il l'a fait dans les deux extraits vidéo, qu'il "n'expulsera pas des étrangers en situation légale", Pujadas insiste pour obtenir "une conviction, un sentiment" sur la question du nombre d'étrangers. "Je ne fais pas de convictions et de sentiments, je parle de droit et de situations", répond François Hollande.
Et Pujadas de demander, encore et encore ce qu'Hollande en "pense", quelle est sa "conviction". "Nous n'aurons pas votre conviction", tente-t-il de conclure, mais le candidat ne cède pas, jusqu'à renvoyer la balle au présentateur : "Et si je vous réponds oui, il y a trop d'étrangers, alors ça veut dire quoi ?"
Et c'est bien la question. Il est vrai que Pujadas, extraits et direct compris, pose la question à son invité plus d'une dizaine de fois. Mais le tout donne plus l'impression d'un dialogue de sourds, car Pujadas et Hollande ne parlent tout simplement pas de la même chose. Dans un article de L'Obs publié le lendemain de l'émission, l'éditorialiste Bruno Roger-Petit constatait que Pujadas "se place d'emblée sur le terrain émotionnel, subjectif, affectif", ce que le candidat refuse, jusqu'à conclure "nous avons un différend de conception [...] Je ne suis pas un commentateur de la vie publique".
(Par Juliette Gramaglia)
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