Chaque semaine, Jean-Michel Aphatie et Alain Duhamel discutent avec les auditeurs de la matinale sur RTL. Le thème de ce jeudi: "Les sondages perturbent-ils la campagne présidentielle?" Pendant le débat, une enseignante en mathématiques, regrette que les médias ne soient pas obligés de publier les marges d'erreur. Comme nous l'a signalé un @sinaute, Duhamel s'explique alors sur les raisons qui poussent les journalistes à ne pas les publier. Avec une franchise rafraichissante "Autant ne pas en parler, on ne va pas dévaloriser chaque nouvelle qu'on donne", déclare-t-il. Autrement dit, mieux vaut ne pas s'embarrasser avec les marges d'erreurs. C'est plus facile pour faire passer l'info et mieux la vendre... |
Pour pallier ce manque, Duhamel donne un conseil: "Il faudrait le dire une bonne fois pour toute (…) mettez vous dans la tête qu'il y a une marge d'approximation". Espérons alors que les auditeurs n'aient pas manqué cet instant fugace...
En fait, l'éditorialiste ne répond pas vraiment à l'auditrice. Elle mentionnait surtout la proposition de loi des sénateurs Hugues Portelli (UMP) et Jean-Pierre Sueur (PS), qui rendait obligatoire la publication des marges d'erreurs.Cette mesure faisait partie d'un texte de loi visant à rendre les sondages politiques "plus sincères et plus transparents". Adoptée à l'unanimité au Sénat le 14 février 2011, cette proposition n'a pas été "retoquée à l'Assemblée" comme le dit l'auditrice. Le gouvernement n'a jamais caché son hostilité à ce texte, issu du rapport d'information des sénateurs, lancé dans la foulée de la polémique sur les sondages payés en partie par l'Elysée et publiés dans la presse, initiée en juillet 2009 par la Cour des comptes. Quelques jours après le vote au Sénat, le président de l'Assemblée nationale déclarait que la proposition "n'étant pas prioritaire" pour le gouvernement, elle risquait de ne pas être examinée par l'Assemblée. Un an plus tard, elle n'a toujours pas été discutée en séance.
Les sénateurs à l'origine du texte de loi avaient expliqué leurs motivations sur notre plateau. Et pour tout savoir sur les sondages dans les médias, vous pouvez consulter notre dossier.
(Luc Nakache)
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