Valls, des idées de photos
CI-dessous, les unes du jour de cinq quotidiens différents : La Marseillaise, L'Humanité, Libération, Le Parisien et Les Échos. Avec une photo de Valls en colère à l'assemblée, une photo de Valls flou avec Hollande net souriant en arrière-plan, une photo de Valls de face, une photo de Valls portant des dossiers et se dirigeant vers la droite, et enfin une photo de Valls souriant en gros plan.
Pour La Marseillaise, quotidien de gauche qui fut longtemps d'obédience communiste, il s'agit d'un virage marqué : À droite toute, nous dit la légende surmontant un Valls éructant à l'assemblée, pointant un doigt vengeur, et bien évidemment résolument tourné vers la droite.
Pour L'Humanité, cette nomination est une Double peine et la photo nous montre un Valls faisant une grimace qui peut être interprétée comme une froide détermination dénuée de pitié pendant que Hollande, semblant fier de son choix, sourit en arrière-plan. Tous les deux sont évidemment dirigés vers la droite :
Rien de tel qu'une grimace de ce genre pour faire passer n'importe quelle idée, la démonstration en avait été faite avec une mimique similaire de Chirac décortiquée dans un précédent Vite dit intitulé Chirac et l'effet Koulechov.
Pour Libération une photo plutôt neutre, un portrait de face surmontant un titre évoquant le remplacement d'un ministre par un autre avec un jeu de mots sur Valls-valse, on devrait interdire ce jeu de mots laid trop facile.
Il est peut-être, toutefois, un peu rapide de qualifier ce portrait de neutre car traditionnellement, les portraits de souverains de face servent à inspirer la soumission du spectateur, sa crainte face à l'autorité. Et à mieux y regarder, il n'est pas interdit de frissonner en contemplant ce portrait de visage dur, fermé au dialogue.
Portrait de Henri VIII par Hans Holbein, 1540
Pour Le Parisien, une photo de Valls peut-être dans la cour de l'Élysée marchant avec des dossiers sous le bras gauche. Valls en première ligne. Comme au combat, comme en 14.
La photo peut là aussi sembler tout empreinte de neutralité sauf qu'ici Valls, se retournant pour regarder vers notre gauche, s'en éloigne pour se diriger vers la droite.
Pour Les Échos enfin, un Valls souriant de face avec un titre un tantinet optimiste à la une de ce quotidien plutôt penché à droite : Le pari Manuel Valls.
Quoique son sourire sur cette photo puisse être interprété de différentes manières…
Il est probable que ces cinq photos n'ont aucun lien direct avec la nomination de Valls (et même si l'une d'elles avait été prise hier, ça ne changerait pas grand-chose). Elles ont été choisies à titre d'illustration et assorties d'une légende, image et texte étant au service d'un propos, d'une idée.
Cinq quotidiens, cinq messages qui n'ont que peu de choses à voir avec le sujet photographié : un individu de sexe masculin nommé Manuel Valls, né le 13 août 1962 à Barcelone, membre du parti socialiste, ancien ministre de l'intérieur dans le gouvernement Ayrault. Car ce n'est pas sa personne qui est importante dans cette histoire. Ni même la politique qu'il va appliquer. Ce qui est important, c'est l'idée que chacun de ces quotidiens se fait de l'événement, et de ses suites.
L'occasion de lire ma chronique intitulée François Hollande et l'imitation.
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