Compte triple
Trois plateaux, cette semaine ! Eh oui. Nous sommes pauvres en mobilier (ne reculant devant rien, nous avons tout de même investi dans des verres) mais les idées, et les désirs, ne manquent pas, ni la matière.
Je brûlais d'avoir devant moi un responsable de L'Obs, pour l'interpeller sur la couverture Beauvoir. Le co-directeur de la rédaction, Michel Labro, avait accepté de venir. Et vendredi matin, il me laisse un message: il avait, avec les Chiennes de garde, et pour le même motif, un rendez-vous qu'on ne peut pas refuser. David accepte au dernier moment de le remplacer face à notre invitée, Violaine Lucas, de l'association Choisir La cause des femmes. La bonne nouvelle de 2008, c'est que David est toujours David. France Info ne nous l'a pas changé. Le moment où il compare la réaction des féministes devant la photo de Beauvoir à celle des intégristes choqués par les caricatures de Mahomet est à ne pas rater.
La rédaction de France 2, comme tous les personnels de la télé publique, (et jusqu'aux dirigeants, d'ailleurs) est sonnée debout. Nicolas Chateauneuf, président de la société des rédacteurs, a accepté tout de suite de venir réagir au projet présidentiel de suppression de la pub, alors que dans le passé les journalistes de France 2, invités sur notre plateau, étaient parfois plus ... tièdes. Sa discussion avec Jean-François Tealdi m'a donné l'impression que tous deux considéraient cette suppression de la pub comme désormais inéluctable. Etrange : ce président, depuis huit mois, a davantage gesticulé que vraiment agi. En outre, aucune Excellence gouvernementale n'a la moindre idée sur le financement de substitution. Mais ils doivent sentir que l'opinion ne semble pas prête à se mobiliser pour Ruquier ou Pujadas. En outre, comme nous l'a confié après le plateau Nicolas Chateauneuf, l'annonce présidentielle, à elle seule, a déjà produit un effet très concret : les acheteurs d'espace commencent -déjà!- à se désengager des écrans de France Télévisions. Avant même que le premier mot de la loi soit seulement écrit, la parole présidentielle, à elle seule, aurait créé de l'irréversible.
Les voies d'une bonne interview sont impénétrables. La complexité de ce qui se joue entre un intervieweur au long cours et son "client", comme entre un biographe et son sujet, m'ont toujours fasciné. Séduction, manipulation, arrière-pensées, jubilation, effroi : Valérie Domain, journaliste à Gala, a tenté, en 2005, d'arracher des révélations à Cécilia Sarkozy. Le livre a fini au pilon : le mari, alors ministre, a manifestement réussi à terroriser l'éditeur. Elle nous raconte tout celà, avec beaucoup de lucidité, dans le troisième plateau. Quelque chose me dit que nous n'avons pas fini d'explorer les entrailles du journalisme people.
Trois plateaux, c'est Byzance ! N'y prenez pas trop goût. Ce ne sera peut-être pas chaque semaine aussi riche. Peut-être d'ailleurs, vous-mêmes, allez-vous nous dire que c'est trop copieux. Vous êtes souvent assez imprévisibles. C'est d'ailleurs ce qui fait le charme du métier.
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