"Hors-Série", Judith Godrèche et... "Arrêt sur images"
Quels sont les liens exacts entre "Hors-Série" et ASI ? Mise au point.
Depuis le 6 janvier, de façon quasi-quotidienne, l'actrice et réalisatrice Judith Godrèche s'indigne, sur son compte Instagram, de propos tenus dans une émission diffusée par le site Hors-Série. C'est son droit le plus strict, et il ne s'agit pas ici de se positionner, d'une façon ou d'une autre, mais de repréciser nos liens exacts avec Hors-Série, alors qu'Arrêt sur images, à plusieurs reprises, a été mentionné dans cette polémique.
De quoi parle-t-on exactement ? D’un entretien publié sur le site de Hors-Série le 31 novembre 2024, consacré au film de Bernardo Bertolucci, Le dernier Tango à Paris. Film polémique dès sa sortie en 1971, il est devenu ces dernières années symbole des violences sexuelles dans le milieu du cinéma. La raison : une scène de viol tournée sans que l'actrice principale, Maria Schneider, alors âgée de 19 ans, ne soit informée au préalable de son déroulement exact. Pour rappel, comme cela fut documenté depuis, Bernardo Bertolucci avait imposé à l'actrice une scène de sodomie (simulée) avec la star Marlon Brando, qui utilisait du beurre comme lubrifiant.
Invité par Hors-Série pour revenir longuement sur ce film, et cette scène : Jean-François Rauger, programmateur de la Cinémathèque française. La même Cinémathèque qui, mi-décembre 2024, soit quinze jours après la publication de l'émission de Hors-Série, a annulé pour des raisons de sécurité la projection du film Un dernier tango à Paris, diffusé dans le cadre d’une rétrospective consacrée à Marlon Brando. Des personnalités du cinéma - dont Judith Godrèche - et plusieurs associations féministes avaient en effet déploré l’absence de contextualisation avant ou après la diffusion du film, pour expliquer les violences sexuelles subies par Maria Schneider lors de ce tournage. Précisions : au moment du tournage de l'émission, le film était déjà programmé, mais la polémique n'avait pas encore commencé. Par ailleurs, l'émission a été pensée et calée pendant l'été 2024, avant même que le film ne soit programmé à la Cinémathèque.
Séquence isolée
Un mois plus tard, début 2025, Judith Godrèche prend à nouveau la parole sur le sujet. Elle qui a porté plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour viols sur mineure, cible une séquence d'une vingtaine de secondes, tirée de l'entretien de deux heures d'Hors-Série. Séquence qu'elle a isolée, sous-titrée et publiée sur son compte Instagram. On y voit Jean-François Rauger s'interroger : "La question, parce que c’est la question cruciale c'est : «Est-ce qu'on peut faire un film sans violer les acteurs ? Sans leur voler quelque chose ?»". "Bah oui on peut", répond Murielle Joudet. "Mais est-ce que c'est un bon film ?", questionne, à nouveau, le programmateur de la Cinémathèque.
"Cette approche sans empathie de l'histoire des tournages et du cinéma dans sa fabrication me bouleverse", résume pour sa part Judith Godrèche, dans un message publié le 11 janvier sur Instagram. Dans un autre post publié la veille, l'actrice, face caméra, proposait une parodie de l’émission de Hors-Série, intitulée "Violer les images". Cela après avoir mentionné plusieurs fois Arrêt sur images dans ses premières stories sur le sujet.
Arrêt sur images a échangé par téléphone avec Judith Godrèche. À sa demande, nous avons détaillé les liens entre notre site et Hors-Série : des liens économiques uniquement, et non éditoriaux. Nous avons jugé utile de le refaire, en détails, ci-dessous.
Indépendance éditoriale
Hors-Série est un site d'entretiens, donc, autour de questions culturelles et politiques, lancé en 2014 par plusieurs ex-chroniqueuses d'Arrêt sur images, dont Judith Bernard, aujourd'hui directrice de la publication du site. Le site est détenu par la société arretsurimages.tv, elle-même détenue par Arrêt sur images - Loubiana, qui possède Arrêt sur images. En tant que société mère, nous soutenons donc financièrement notre filiale lorsque ses revenus propres (ses abonnements en l'occurence) ne suffisent pas à payer les frais de fonctionnement propres à leur activité : les salaires, les charges, la maintenance, l'hébergement du site, etc. À quelques exceptions près, les émissions de Hors-Série sont tournées dans les locaux d'Arrêt sur images, avec nos moyens de production.
L'ensemble des contenus publiés par Hors-Série le sont sous la responsabilité de sa directrice de publication, Judith Bernard, en toute indépendance vis à vis de son principal (et seul) actionnaire : nous. La seule information que Hors-Série donne à Arrêt sur images avant de tourner ses émissions est la date de tournage, puisqu'il a lieu dans nos locaux. Nous ignorons tout le reste, que ce soit le thème évoqué, ou les invité·es pour en parler. C'est le cas depuis des années, et cela perdurera ainsi, conformément à notre attachement pour l'indépendance éditoriale et la liberté de chaque titre de presse.
Concernant le fond de l'affaire, donner notre avis ou prendre position sur cette émission, après avoir rappelé l'indépendance éditoriale totale de Hors-Série, ne serait pas cohérent. Nous tenons cela dit à apporter notre soutien à Murielle Joudet, journaliste-pigiste pour Hors-Série, violemment prise à partie sur les réseaux sociaux. Si le travail de tout journaliste est critiquable - et nous en savons quelque chose ici - toutes les méthodes ne sont pas acceptables.
Enfin, pour celles et ceux qui souhaiteraient se faire leur propre opinion sur cet entretien, Arrêt sur images, avec l'accord de Hors-Série, vous propose de le découvrir en intégralité ci-dessous:
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