Annulations, et autres voyouteries
Du balai, l'économie, l'étranger ! Place au désastre, au champ de ruines, au Deuil National, à l'introspection, à la reconstruction, au grand chantier, au tout-est-à-réinventer, aux Zétagénéraux, place, place ! Ce matin, on apprend en même temps que Sarkozy a annulé un rendez-vous prévu cet après-midi sur le prochain G20 avec des ONG, rendez-vous prévu, pas de chance, juste au moment où il a finalement accepté de recevoir le joueur de foutebôle Thierry Henry (mais rien à voir, évidemment). Mardi, apprend-on dans Libé, il avait planté là la présidente suisse : coïncidence, il y avait au même moment un match de l'équipe de France (mais rien à voir, évidemment).
Dans lémédias, c'est la même chose. Au matin de la journée de grève contre la réforme des retraites, Aphatie devait recevoir Chérèque sur RTL. C'est finalement Roselyne Bachelot, qui sera venue répondre à cette grave question : que pense-t-elle du salaire du nouveau sélectionneur Laurent Blanc (100 000 euros par mois) ? Ce qu'elle en pense ? "C'est ce qu'il était en droit d'attendre". On a trop besoin de sa très haute compétence. Il gagnerait bien davantage à l'étranger, et tous ces arguments inusables. Donc, tout continue, ou va tenter de continuer. Pas touche au foot-fric. Et Judith est peut-être bien optimiste, quand elle estime, dans son excellente chronique, que le psychodrame sud-africain aura au moins eu le mérite de faire exploser le pervers "modèle" de réussite, offert aux "gosses des banlieues". La voyouterie, incrustée au coeur de l'Etat (cumuls, cigares, conflits d'intérêt en tous genres) comme au coeur du foot (insultes, refus de poignées de mains, etc), ne se laissera pas désincruster si facilement.
Matin sans France Inter (le service public est en grève). Matin sans les voix habituelles. Avant-goût de ce que seront des matinées livrées aux jingles du privé, quand la Matinale d'Inter aura été savamment rendue inécoutable. Ne riez pas : il faut commencer à s'y habituer tout de suite, ça fera moins mal à la rentrée. Europe 1 a envoyé une reporter gare du Nord. Et cette reporter a rencontré Amélie, "les larmes aux yeux", parce qu'elle va rater son entretien d'embauche, son train ayant été supprimé par la méchante grève. Pauvre petite Amélie de la gare du Nord ! Voix ensoleillée et dynamique : "évitez la place de la République à 14 heures". Pub. Tiens, pourquoi ne disent-ils jamais : "si vous souhaitez vous rendre à la manifestation, rendez-vous place de la République à 14 heures" ? C'est le sujet de méditation flottante de la journée.
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