Apolline, Patrick, et "la presse"
"Je voudrais commencer par avoir des nouvelles de votre femme".
C'est la toute première question d'Apolline de Malherbe (BFMTV) à Patrick Balkany. Avant tout. En apprenant qu'elle risquait d'aller en prison, Isabelle Balkany "a avalé un paquet de médicaments"
raconte Patrick Balkany. Elle a été transportée à l'hôpital par le SAMU. D'abord, des nouvelles, donc. "Encore un mot. Dans quel état d'esprit elle était quand elle est partie avec le SAMU ?" "Vous êtes angoissés l'un pour l'autre ?" "Ça fait 45 ans qu'on est mariés, Apolline."
Elle confirme : "On a toujours dit LES Balkany."
Ensuite, ensuite seulement, les questions qui pourraient fâcher le septuagénaire. La hiérarchie des questions, on la connaît bien. Il doit exister une bible, dans les chaînes d'info, de l'interview du délinquant puissant tombé à terre (Tapie, Ghosn, etc). "Certains bruits sont sortis dans la presse disant qu'il y avait eu de l'insolence de votre part. Est-ce que vous le regrettez ? Est-ce que ça vous a dépassés ?"
Ah, la presse
. La fameuse presse, où parfois sortent des bruits
. Et qui oblige à poser des questions cruelles. "Est-ce qu'il y a pas eu, pardon du mot parce que votre femme est à l'hôpital, une forme de légèreté, ou de provocation ?"
La justice a révoqué la mesure de détention à domicile sous bracelet électronique de l'ancien maire de Levallois et de son épouse, en raison d'une centaine "d'incidents" (Patrick Balkany, explique-t-il, est allé au portail chercher des courriers recommandés et des colis Amazon, dont il a pris l'habitude pendant le confinement). Il est aussi reproché aux Balkany de ne pas avoir rempli leurs obligations d'indemnisation du Trésor public, après leur condamnation pour fraude fiscale. Le revenu du couple, indique Mediapart
, s'établit à 12 000 euros mensuels. La justice demande aux Balkany de consacrer au remboursement 10 % de ces revenus. Mais il faut faire tourner la maison, détaille Patrick à Appolline. Le fuel, l'électricité, les impôts. À la fin du mois, il ne reste rien.
Défilent dans les vingt minutes d'interview la maison des Antilles, celle de Marrakech, des querelles d'évaluation. Dansent les millions. L'interview n'est pas seulement compassionnelle. Parfois, Apolline de Malherbe, se souvenant qu'elle est journaliste et pas garde-malade, entre dans les détails. Sur le séjour à la Santé de Patrick Balkany, par exemple. "Quel était votre quotidien en prison, vous pouvez nous parler de votre quotidien en prison ?"
Et sur la ligne de téléphone fixe dans la cellule, "combien de numéros enregistrés ?"
Les détails, oui. Mais pas tous.
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