Armstrong, Le Parisien, et la Pravda
Les titres et débuts d'articles sont dans le plus pur style pravadaïen. En voici trois. Primo : ("l'homme de tous les défis"). "Le charmant salon Bellevue du Café de Paris offre une vue imprenable sur la place du Casino de Monaco où se succèdent voitures de prestige et femmes élégantes. C'est dans ce cadre que Lance Armstrong, accompagné de SAS le prince Albert de Monaco, participait hier soir à un dîner de charité pour sa fondation Livestrong qui lutte contre le cancer". Deuxio ("une longue histoire avec la France", notre titre préféré). "Après la foule en Australie, l'émotion en Californie, l'engouement en Italie ou la liesse à Nevada City, il est bien difficile de prévoir l'accueil que recevra Armstrong dans les prochains jours sur les routes du Tour de France". Tertio ("avoir vaincu le cancer, sa plus belle victoire"). "Lance Armstrong est devenu aujourd'hui une icône mondiale de la lutte anticancer. Comment un cycliste au profil parfois sulfureux a-t-il pu réussir ce coup de maître ?"
Voilà les attaques. A nos lecteurs non-journalistes, rappelons que c'est dans le début d'un article que l'auteur est censé délivrer les informations essentielles, donner une idée du ton de son article, ou intriguer le lecteur afin de l'inciter à poursuivre. Rappelons aussi qu'une proportion indéterminée de lecteurs se contente de lire les débuts d'articles, et qu'une proportion tout aussi indéterminée (mais importante), interrogée sur ce qu'elle a retenu d'un article, en cite spontanément le début, ou la fin, et jamais le milieu. Ces rappels élémentaires effectués, plongez maintenant au coeur des articles du Parisien. Vous y découvrirez, consciencieusement relatés par les auteurs, les aspects moins reluisants de la success-story armstrongienne, et notamment l'hostilité viscérale du champion à la France, à qui il ne pardonne pas d'avoir cherché des poux dans ses urines. Hostilité que la France lui rend apparemment, lui reprochant de s'être un peu trop affiché avec Bush. Rien, en revanche, sur le mélange entre humanitaire et biznesse, que soulignait ici cette semaine notre Sherlock Com', ni sur le bide d'audience de la belle opération Drucker, qui laisse mal augurer de la love story estivale. Il ne faut tout de même pas exagérer.
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