Aux frais de la princesse
Ce texte de soutien, abusivement signé de Gérard Larcher, président du Sénat, rappelant que "la morale et la droiture de Jean-Marc Pastor et Philippe Richert (autre questeur cité dans l'enquête de Mediapart), exemplaires, restent leur chemin de vie" n'était qu'un brouillon d' "éléments de langage, pour préparer un éventuel communiqué, élaborés par un fonctionnaire de la questure et qui devait encore être soumis au président Larcher. (...) Une des moutures de ces éléments de langage a été envoyée par erreur au niveau du secrétariat de la questure, alors qu'elle n'avait pas été validée". C'est désormais la version officielle. Merveilleuse explication, qui prend sans doute pour modèle l'inoubliable défense de PPDA, lors de la découverte du plagiat de sa biographie de Hemingway. Ah, maudite incompétence du "secrétariat de la questure" du Sénat ! Qu'on y fasse sauter un ou deux fusibles, dans ce secrétariat, et qu'on n'en parle plus !
A propos de populisme et de gueuletons, je vous recommande cet article de mon excellent confrère Laurent Joffrin, directeur du Nouvel Observateur. Savourez-le bien. Gardez le bouche. Il le mérite. Aux yeux de Joffrin, DSK a donc commis un crime impardonnable: il a mangé des pâtes aux truffes. Avant les pâtes aux truffes, DSK était encore sauvable aux yeux de Joffrin qui, journaliste vertueux et sobre, n'a certainement jamais mis les pieds dans un restaurant où un plat coûte 70 euros. Mais ces pâtes aux truffes sont la goutte d'eau qui met le feu aux poudres, et dessille Joffrin: ciel, tout cela n'était donc que storytelling ! Pour mémoire, Joffrin était directeur de Libé, journal où travaillait (et travaille encore) Jean Quatremer, correspondant à Bruxelles, qui n'avait pu évoquer que sur son blog les pulsions harceleuses de DSK lors de sa nomination au FMI, car jamais le journal, dirigé par Joffrin, n'aurait souillé ses pages avec de telles allégations. A l'époque, ces pulsions harceleuses étaient un sujet tabou et populiste. Aujourd'hui, un plat de pâtes aux truffes est un crime. Mais pas d'inquiétude: ce ne sont pas les girouettes qui tournent, c'est le vent.
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