Cette étrange culpabilité
Mais se mêle à cette jouissance une étrange culpabilité. Je ne parle pas évidemment de ceux qui, par profession, ont prêté la main activement à l'emballement du capitalisme financier. Il n'est pas certain que ceux-là culpabilisent. Je ne parle pas des politiques qui les ont glorifiés (à droite) ou s'y sont résignés (à gauche), et qui cherchent aujourd'hui l'absolution dans les surenchères de dénonciations. Je ne parle même pas des épargnants, petits ou gros, qui se sont laissés abuser par des rendements mirifiques, et ont souscrit les yeux fermés des placements "à risques", sans trop chercher à savoir ce qui se cachait derrière ces "risques".
Je parle de cette sourde culpabilité de ceux qui, ni de près ni de loin, ne peuvent être accusés d'avoir participé à la folie collective. Même eux, s'en veulent aujourd'hui, et se sentent complices. Mais de quoi donc ? De l'avoir tolérée, peut-être, cette folie, alors que les tonnaient sans relâche les voix de la dénonciation, et qu'il n'était besoin que de tendre l'oreille. Mais puisqu'elles criaient dans le désert, ces voix, ou plutôt dans le tumulte de l'insouciance, pourquoi donc les aurions-nous écoutées ?
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