Charlie, résurrection
Ou polysémique, si on préfère. On imagine, au Pakistan, au Niger et ailleurs, les islamistes se grattant la tête, et se posant la question de savoir si la nouvelle couverture mérite de remettre le couvert, et d'incendier quelques églises. Qui sont tous ces chiens, qui poursuivent le cabot Charlie ? Et pourquoi le poursuivent-ils ? Pour lui faire la peau, ou pour lui lécher l'arrière-train ? Le cabot pape François, le cabot Le Pen, et le cabot djihadiste, on comprend à peu près. Mais les autres ? Sarkozy, les banquiers, BFM, se sont-ils signalés par un anticharlisme virulent ? On n'avait pas remarqué.
Un des dessinateurs, interrogés sur la présence de BFM, explique : si BFM figure dans la meute, c'est parce que la chaîne les a harcelés de demandes d'interviews depuis le 7 janvier. D'accord. On comprend donc mieux, qu'il n'y a rien à comprendre dans cette couverture. Camarades islamistes, prenez note.
Ensuite, Riss, le nouveau directeur. La tête de Riss sur les plateaux de télé. Question à ceux qui le connaissent : Riss était-il plus gai avant le 7 janvier, ou une horloge lui est-elle tombée sur la tête quand il était petit ? Il fallait le voir, hier soir, au Grand Journal, s'empatouiller dans une question sur la nouvelle conseillère en com' du magazine, Anne Hommel, qui s'est illustrée dans le passé en conseillant DSK et Cahuzac. Un problème ? Quel problème ? Elle est professionnelle, c'est le principal. Aie aie aie. Symbole mondial du rirensemble, c'est un métier que je ne souhaite à personne. On n'a pas fini de rire, si vous voyez ce que je veux dire.
A en croire les enquêtes sur la résurrection de l'hebdo (et notamment l'excellente enquête de Raphaëlle Bacqué, dans Le Monde), les éventuels dessinateurs sollicités par Charlie se défilent, sous de multiples prétextes : ils veulent bien, mais alors de chez eux, et surtout sans participer à la réunion du mercredi. Aie aie aie. Bien sûr, il y a sans doute d'autres raisons de ne pas travailler pour Charlie Hebdo. Par exemple, en souvenir du traitement naguère infligé par Val à Siné, ou à Denis Robert. C'est légitime. Ce n'est pas honteux. Mais on se doute bien que ce n'est pas la seule raison. Sans en rien savoir, on devine bien que ce n'est pas évident de se décider à venir rigoler dans un bunker, ce qui ne rend que plus courageux les gestes des nouvelles recrues, Pétillon, Dilem, ou Marie Darrieussecq. Un conseil, je peux me permettre, à ces nouvelles recrues : écrivez, dessinez, dans Charlie, sur Charlie. Sur les blindages, sur les dividendes de Val, sur les manoeuvres de Malka, sur les trémolos de Pelloux, sur la tête de Riss, sur Hommel, sur la trouille. La meilleure manière de tenir la trouille à distance, c'est de la dessiner. Appropriez-vous le discours sur Charlie. Soyez les pigeons de vous-mêmes, si vous voyez ce que je veux dire. Ce sera le premier pas vers on ne sait trop quoi, mais un premier pas.
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