Darmanin, les deux arrogances
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Darmanin, les deux arrogances

Aux multiples étincelles qui déchainent la colère sociale, est venue s'ajouter, la semaine dernière, l'image mentale du ministre des comptes publics, Gérald Darmanin, déjeunant dans des restaurants parisiens à 200 euros pour deux personnes, sans le vin.  La bourde du ministre est d'abord rapportée dans Marianne. Parlant à des investisseurs étrangers réunis à la Sorbonne (pauvre Sorbonne ! Pourquoi se prête-t-elle à ce genre de réunions ?), Darmanin a expliqué : "Nous devons tous intégrer et pas seulement expliquer, mais entendre et comprendre, ce que c'est de vivre avec 950 euros par mois quand les additions dans les restaurants parisiens tournent autour de 200 euros, lorsque vous invitez quelqu'un et que vous ne prenez pas de vin"

Immédiatement, le ministre se défend, dans une réponse que publie Marianne, en bas de son article.  

Et presque aussi immédiatement, surgit un témoin de moralité : Dominique Seux, directeur délégué des Echos et éditorialiste de France Inter. 

Ni une ni deux, Checknews se procure la version intégrale du discours, et la publie "pour que chacun se fasse son idée".

Puisque personne ne me demande mon "idée" personnelle, la voici : la version longue de Checknews ne contredit nullement l'interprétation de Marianne. Certes, Darmanin ne se vante pas de déjeuner dans des restaurants où l'addition se monte à 100 euros par personne sans le vin. Cette "déconnexion", la fameuse "déconnexion", il la déplore. Mais c'est pire. Ce que semble indiquer sa phrase, c'est qu'il n'imagine pas, lui, pouvoir déjeuner autrement qu'à 100 euros par tête. Peut-être n'imagine-t-il pas qu'il existe, même à Paris, même dans les beaux arrondissements, des restaurants à prix plus modiques. Pourquoi disais-je que c'est pire ? Rares sont les arrogants volontaires. L'arrogance de Darmanin n'est pas (seulement ?) une arrogance personnelle. C'est (aussi ?) une arrogance de classe, une arrogance d'élite. 

PS : arrogance volontaire ? Involontaire ? On apprend aujourd'hui qu'en dépit de ses promesses, le ministre s'accroche encore à ses mandats locaux, et aux revenus afférents. La question reste en suspens.


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