De quoi Bismarck est-il le nom ?
"la politique à la Bismarck employée par Mme Merkel", Montebourg fait-il de l'antigermanisme primaire ? Fait-il du "FN de gauche", comme a répondu Cohn-Bendit (traité en 68 "d'anarchiste allemand" par l'ex chef communiste français Georges Marchais) ? Oui et non. Les défenseurs de la comparaison de Montebourg feront valoir (comme ils le font déjà dans les forums du blog de Jean Quatremer, qui a immédiatement flingué Montebourg) que Bismarck ne fut ni un nazi, ni un raciste, ni un antisémite, ni un francophobe, ni même un "pangermaniste". Simplement un chancelier réaliste, n'ayant pour obsession que de renforcer l'Etat prussien, jusqu'à l'unité allemande. Ca, c'est le noyau dur du "signe" Bismarck.
Mais après la pâtée de 1870, le "signe" Bismarck s'enrichit. Le vainqueur de 70 incarne dans l'opinion française bien davantage: l'ennemi, qui a pris l'Alsace et la Lorraine, et contre lequel il importe, obsession nationale, de prendre sa revanche. Avant tout, Bismarck devient, comme le casque à pointe, le signe d'une humiliation nationale. Evoquant donc Bismarck, Montebourg, oui, flatte la germanophobie française résiduelle (si elle existe véritablement, ce qui n'est pas prouvé. A la limite, dans la période que nous traversons, il est remarquable que ne se touve, dans la classe politique, qu'un seul Montebourg.)
Si la sortie de Montebourg choque, c'est pour plusieurs raisons. Parce que le discours public sur la relation franco-allemande, depuis les années 60, est corseté par les non-dits, les interdits, les souvenirs. Pas forcément à mauvais escient, d'ailleurs. Oui, il est parfois bon que les responsables publics gardent un petit surmoi. En outre, mais qui se soucie de ces détails, elle est non pertinente. Comme nous avons tenté de l'explorer dans notre dernière émission, l'attitude allemande est sans doute déterminée par bien d'autres facteurs que le désir de "construire la confrontation pour imposer sa domination", comme dit Montebourg (reprenant, parait-il, une expression des socialistes allemands du XIXe siècle, dont votre matinaute n'est pas arrivé à retrouver la trace). D'un premier examen (mais que nos @sinautes compléteront certainement avec compétence et pondération, comme d'habitude), il résulte donc que la phrase de Montebourg n'est pas véritablement odieuse. Elle n'est sans doute pas dangereuse. Elle est simplement stupide.
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