Drame : l'UMP cornerisée par une votation !
Alors que sombre le modèle suisse, fondé sur la démocratie directe et le secret bancaire, la gauche française s'empare donc de la "votation" helvétique, et vient d'en faire, contre la privatisation de La Poste, l'usage que l'on a vu. L'UMP est ulcérée. Il paraît que cette "votation" n'a aucune valeur juridique. Comme disait ironiquement Mélenchon sur RTL ce matin, "on est au courant. Sinon, on aurait appelé ça un référendum".
L'UMP a raison. Au sens propre, cette "votation" n'a aucune valeur juridique. Les listes d'émargement sont déclaratives, nul n'a évidemment mesuré le taux d'abstention, ni ne contrôlera le dépouillement. Mais la "valeur juridique", est une notion bien relative. La "votation" sur La Poste n'a ni plus ni moins de "valeur juridique" que le premier référendum irlandais, qu'un second vient à l'instant d'annuler, ou..., tiens, la réforme en grande pompe, sous les ors de Versailles, de la Constitution, en janvier dernier. Ladite réforme avait notamment reconnu la possibilité d'organiser des référendums d'initiative populaire. Dix mois plus tard, la "loi organique" permettant l'organisation de tels référendums n'a toujours pas été débattue. Et pourtant, à Versailles, que de velours et de tambours ! Quand un pouvoir souhaite reprendre d'une main, en coulisse, ce qu'il a accordé de l'autre, devant les caméras, il y a toujours quelque part un subterfuge juridique qui permet de trouver une échappatoire.
Quel qu'en soit le résultat, la victoire incontestable de la "votation" est ailleurs : dans le débat virtuel, cette scène aux règles mystérieuses, empruntées à la psychologie et à la sémantique, qui n'a aucune importance, et qui en a tellement ! Après le bouclier fiscal, c'est la deuxième fois, en deux ans, que la gauche parvient à corneriser Sarkozy sur cette scène-là. Deux fois en deux ans, c'est peu. Pour une fois que la gauche tout entière invente un mot capable de chiper l'agenda médiatique à Sarkozy, pour une fois qu'on parle d'autre chose que des rivalités entre Royal et Aubry, ou entre Besancenot et Mélenchon, on ne va pas faire la fine bouche.
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