Et les images frappèrent Darmanin
"Je sais reconnaître quand une liberté meurt. Aujourd'hui, pour la liberté de la presse, le pronostic vital est engagé"
nous dit Mathilde Larrère, dans une chronique particulièrement forte, qui revient sur la progression chaotique de cette liberté, en France, dans les deux derniers siècles.
À première vue, l'évacuation par la police d'un camp de migrants, hier soir, place de la République, lui donne raison. Migrants jetés comme au vide-ordures hors des tentes où ils se reposaient, élus de gauche bloqués par la police, reporters malmenés, et empêchés de filmer : le compte-rendu de la nuit est à lire et regarder sur le site actuParis. Un nième épisode de l'offensive ignoble, et sans fin, de la police, pour rejeter les migrants dans l'invisibilité des périphéries, dans les tunnels et les terrains vagues, dans de lointains hôtels, sur les bordures des rocades et des autoroutes, n'importe où sauf sur les grandes places parisiennes à monuments symboliques. Cette nuit de la République va redoubler la vigilance des ONG comme Amnesty International, des grands journaux anglo-saxons, ou même de la Commission européenne, qui depuis quelques jours tiennent à l'œil la France de Macron, comme une sorte de Hongrie occidentale (au risque de quelques outrances et erreurs).
Et pourtant les migrants et l'association organisatrice du campement de la République, Utopia 56, ont remporté une victoire. Cette victoire, c'est un tweet du ministre de l'Intérieur en personne, Gérald Darmanin, annonçant la commande d'un "rapport circonstancié"
au vu de "certaines images de la dispersion du campement illicite"
. Deux heures plus tôt, les représentants des journalistes mobilisés contre la proposition de loi sécurité globale avaient claqué la porte d'une réunion-simulacre au ministère de l'Intérieur, Darmanin refusant encore et toujours de supprimer le fameux article 24.
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