France 2 : à la trappe, les barbouilleurs !
France 2 programmait la semaine dernière une émission intitulée "A vos pinceaux". Un aimable concours de peinture du dimanche, dans lequel plusieurs concurrents, postés devant la tour Eiffel, devaient produire une vision personnalisée du monument. Avec retouches, repentirs, et remarques constructives d'un jury attentif et bienveillant. Sans doute pas la meilleure émission du monde, parfois un peu naïve, parfois un peu lente, mais une émission sans prétention, sans aucune exclusion spectaculaire ni exercice d'humiliation, sans comédiens en promo, n'ayant d'autre ambition que de montrer de la peinture d'amateurs en train de se fabriquer, et de susciter chez le télespectateur le sentiment grisant qu'il ferait aussi bien, voire mieux. Marianne James, sympathique omniprésentatrice omnichaînes de toutes sortes d'émissions musicales, était chargée de faire prendre la mayonnaise.
Bande-annonce de l'émission
Arriva ce qui devait arriver : en dépit de la présence de Marianne James, l'audience fut mauvaise. "Lancement raté" écrivirent les sites spécialisés. L'émission (qui rassembla tout de même un million et demi de télespectateurs) fut écrabouillée par les deux films de France 3 (Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté, avec Edouard Baer et Gérard Depardieu) et de TF1 (Les vacances de Ducobu, avec Elie Semoun). Arriva donc ce qui devait arriver : l'émission fut illico déprogrammée. A la trappe, les barbouilleurs et leur coach ! On retrouvera les épisodes suivants plus tard, sur France 4, prière de vous reporter à votre programme télé habituel. Sur la même tranche horaire, la semaine suivante, la chaîne proposait en substitution l'inusable "Cinquième élément", film de Luc Besson, dégoté en urgence au fond d'un tiroir. Alleluia : les sites spécialisés pouvaient titrer triomphalement que France 2 battait TF1.
A vos pinceaux est typiquement une émission de compromis, telle qu'en produit la télé publique grand public. Une pincée de "mission d'éducation" (la peinture), une pincée d'attrape-audience (Marianne James). Parfois ça prend, parfois non. Mais à quoi sert d'avoir et de financer plusieurs chaînes de télévision de service public, si elles n'ont pas le courage, en dépit de scores d'audience moyens, de proposer et de maintenir une émission de vulgarisation sur la peinture, et ne trouvent leur salut que dans les éternelles rediffusions de blockbusters ?
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