La révolte des journalistes en chocolat
Frottons-nous les yeux : il y a donc des confrères, aujourd'hui, en 2018, et davantage qu'on ne l'aurait cru, pour reprocher à Plenel et Bourdin d'avoir appelé Emmanuel Macron Emmanuel Macron, et non pas "Monsieur le président". De n'avoir pas porté la cravate. D'avoir osé, tout au long de l'entretien, perturber ses monologues. Pour ne prendre qu'un duo, la dream team magique des matins de France Inter : le chef du service politique Yaël Goosz, s'étranglant que Plenel et Bourdin aient osé interrompre Jupiter, immédiatement suivi de Dominique Seux des Echos, auto-investi de la mission divine de venger son patron Arnault, égratigné par Bourdin sur l'évasion fiscale ("votre ami Bernard Arnault"
a-t-il lancé à Macron). Ce ne sont plus seulement des chiens de garde. C'est la ligue de défense des journalistes en chocolat.
Soyons sérieux : il y aura, dans la communication présidentielle, un avant et un après cette interview du Palais de Chaillot. Je suis curieux de voir comment les cravatés pourront, après cette séance, revenir poser leurs questions en chocolat. Les "d
eux hommes blancs de plus de 60 ans"
comme disait Mediapart pour s'en excuser à l'avance, ont fait le job. Défendons cette cohorte, que j'ai récemment rejoint : l'homme de plus de 60 ans (blanc ou non) n'a plus grand chose à prouver ni à perdre. Il peut lâcher ses coups. Bref, il peut encore servir.
La ligue déplore que Macron n'ait pas pu déployer à loisir sa "pensée complexe". D'abord, il l'a déployée, surtout vers la fin, ayant terrassé ses questionneurs à l'usure (les seniors, ça se couche tôt). Ensuite, il la déploie non-stop, depuis un an, cette pensée complexe. On connait tous les couplets. Après la mondialisation résignée de Hollande, c'est la chanson de la mondialisation enthousiaste, la joyeuse ballade des meilleurs et des premiers de cordée. Pour mémoire, voir cet excellent montage de Brut :
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