Le clan Ben Servier enfin dénoncé
, exhibant les portraits de quelques dictateurs du monde arabe. Et l'on peut être sûr que dès demain (et pour une durée, disons, d'au moins une semaine), la moindre manifestation de cent personnes, en Jordanie ou au Yemen, fera l'objet d'alertes urgentes des agences de presse, et d'images dans les journaux de Pujadas et Ferrari, comme annonciatrice à l'évidence du "printemps du monde arabe", que prédisent les innombrables ultra-lucides a posteriori. Les JT français, comme nous le disions ici, et comme nous le rappelons dans l'émission de cette semaine, ont été aveugles, plus de dix jours, à la naissance de la révolution tunisienne. Promis, juré, on ne les y reprendra plus. D'ailleurs, Pujadas est à Tunis ce soir. On peut être certain que le régime Ben Ali y sera dénoncé avec force.
De la même manière, la révolution du médicament est en marche. Horreur: voici que jités et radios du matin découvrent que le médicament est une industrie, qui a pour but de faire des profits, en lançant le plus possible de nouveautés, souvent inutiles, et parfois, dangereuses. Mentir, travestir la vérité, circonvenir les experts et les journalistes, tirer tout le bénéfice possible des pesanteurs bureaucratiques: le clan Ben Servier n'a reculé devant rien.
Une fois de plus, tout se passe comme si tout aveuglement, toute myopie, toute complaisance, devaient forcément se racheter par un emballement symétrique. En pages intérieures, le chercheur Gilles Kepel, interrogé par Libé explique parfaitement pourquoi l'Algérie, par exemple, n'est pas le Maroc, et pourquoi une immolation en Algérie ne produira pas forcément les mêmes effets qu'en Tunisie. De la même manière, à propos du Mediator, en cherchant bien, au fond des blogs des plus éminents spécialistes, on trouve quelques timides rappels de la nécessité de l'évaluation du rapport "bénéfice risque": il n'est pas illégitime que le risque lié à la consommation d'un médicament soit pesé, et parfois encouru, en fonction du bénéfice escompté. Mais l'heure n'est pas à dire cela trop fort.
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