Les évidences de la papesse Parisot
Tristes matins de grève, où manque la voix de France Inter.
Dans ce désert, Elkabbach reçoit Laurence Parisot, papesse des patrons, aussi vigoureusement cramponnée que le vrai pape au souvenir de son Atlantide. La grève est à Parisot ce que le préservatif est à Ratzinger. Comme le pape, elle refuse de retirer ce mot de "démagogie", appliqué aux grèves, qui a mis le feu à la plaine. Hier encore, raconte-t-elle, elle était à Londres, au "G 20 des patrons". Eh bien, tous ses amis du "G20 des patrons" se sont précipités vers elle, à propos de la grève d'aujourd'hui : "que se passe-t-il en France ?" Il est certain que les patrons britanniques, les patrons allemands, les patrons japonais, les patrons américains, n'ont certainement aucune notion de la crise financière. Personne ne les en a avertis. Chez eux, tout baigne. S'imagine-t-elle que l'on va croire, encore aujourd'hui, ce discours d'hier, quand le MEDEF pouvait efficacement culpabiliser la France au nom de l'exception française ? Il faudrait l'avertir, Parisot, que son monde est englouti.
"En France, soupire Parisot, quand on dit des évidences, elles ne veulent pas être entendues". Sublime lapsus. Elle voudrait dire : on ne veut pas les entendre. Mais reporter la responsabilité de cette surdité sur les évidences en question, et non sur ceux qui ne veulent pas les entendre, c'est merveilleusement décrire la situation. Eh oui, Laurence Parisot, même vos évidences se sont rebellées. Même elles, usées, épuisées, angoissées, ont levé le drapeau de la grève, et renoncé à être entendues.
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