Marianne Sinclair, vos papiers !
au témoignage d'Anne Sinclair, repéré ce matin par Gilles Klein dans Le Parisien, qui en a fait une brève. Epouse de Strauss-Kahn, ancienne présentatrice-vedette de TF1, ex-icône nationale au point d'avoir naguère prêté ses traits au buste de Marianne, entre Bardot et Laetitia Casta, Anne Sinclair, qui souhaitait renouveler sa carte d'identité, a eu beaucoup de mal à le faire, à la préfecture de Paris. Motif de ses ennuis : elle est née à l'étranger. De parents français, mais née à l'étranger. Or, depuis un décret de 2005 (signé Sarkozy) tout Français né à l'étranger, et souhaitant renouveler ses papiers, doit faire la preuve de sa nationalité française, notamment en fournissant...un extrait de naissance de ses parents. Au guichet, on a même demandé à Sinclair la nationalité...de ses quatre grand-parents.
Le désagrément subi par Sinclair, d'autres, qui ne s'appellent pas Anne Sinclair, l'ont subi avant elle. On ne peut pas accuser la presse d'avoir ignoré le problème. Elle l'évoque, de temps en temps. Des témoignages affleurent. Mais on ne peut pas dire qu'elle s'en soit emparé à bras le corps. En dépit de ces alertes intermittentes, l'absurdité bureaucratique subsiste.
J'entends d'ici certains d'entre vous : voilà ! Parce que c'est Sinclair qui en est victime, lémédias vont s'emparer de l'affaire, alors qu'ils restent indifférents aux mésaventures des anonymes. Eh oui. C'est une immense, une scandaleuse, une incorrigible injustice. Certaines voix portent, d'autres pas. Un mot a suffi à Simone Veil pour tuer dans l'oeuf l'un des premiers fumigènes sarkozyens : l'adoption, par chaque élève de CM2, d'un petit déporté (comme c'est loin, déjà). Sinclair tenait dans sa main le sort du débat sur l'identité nationale. Elle n'avait qu'à lever le petit doigt, et Elkabbach lui déroulait le tapis rouge sur Europe 1, Fogiel malmenait Hortefeux, Aphatie secouait Besson. "Marianne Sinclair, vos papiers !", l'histoire était trop belle ! Qu'elle dise un mot, qu'elle descende dans l'arène, et Besson était vitrifié. Elle a choisi son blog, ce qui signifie qu'elle souhaite ostensiblement ne pas en faire un plat, pour ne pas gêner Dominique, qui doit son job à qui vous savez, et sur qui elle ne souhaite pas attirer de représailles. Ce n'est pas l'ex-star, ou la potentielle Première dame qui parle, mais la blogueuse qui murmure. Pour une fois, on a envie de lui reprocher de n'en avoir pas fait assez.
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