Mon jeudi noir
Je vous dois un aveu. Nous avons commis hier une faute professionnelle. Notre visio-conférence du matin allait commencer, on s'apprêtait à discuter reconfinement avec l'allégresse que vous devinez, quand le nouvel attentat de Nice nous a sauté à la gorge. Un mort ? Deux morts ? Décapités ? Pas décapités ? "Seulement" égorgés ? D'un commun accord, nous avons décidé de ne pas passer notre journée suspendus aux chaînes d'info. De travailler sur des sujets de la veille, ou du mois dernier (par exemple sur les abus de la comparaison sanitaire avec l'Allemagne). D'échapper aux griffes d'une journée noire. Nous ne le savions pas encore, mais outre les détails darmaninesques des attestations et des dérogations, nous avons échappé à Avignon. A Lyon. A Djeddah. A la fatwa d'un ancien premier ministre de Malaisie. Pas envie de savoir ce qu'en pensent Rizet, et Brunet, et Neumann, et Messiha, et Ferrari, et Le Pen, et Valls, et Praud, et Lévy, et les autres. Désertion, votre Honneur.
Je vous dois un aveu, j'ai détourné ce jeudi noir en journée résolument non essentielle. Solidarité active avec ma librairie de BD, avant qu'elle replonge dans l'aventure du Click and collect ; so long à ma salle de cinéma de quartier, vaillante survivante du premier confinement. Et le pire : je n'en ai même pas mauvaise conscience. Lâcher prise, échapper à l'emprise, est-ce une fuite ? Une désertion ? Madame l'Actualité, je vous fais une lettre / Que vous lirez peut-être si vous avez le temps...
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