Quelque part en Ardèche...
Ce n'est pas un scandale majuscule. Il porte pas des lunettes de soleil. Il pose pas pour les magazines. On ne l'a pas vu à la Une. Les manchettes n'ont rien sû. Mais on se l'est répété, toute la semaine, d'une bouche à une oreille, de ferronnier à menuisier, d'artisan à ouvrier, de Samuel à Natacha, sans oublier Jean-Pierre, de plaines en forêts, de vallons en collines. Tiens, il n'y avait personne, aux obsèques de Ferrat. Marie-George mise à part, et Bové en voisin. Ni Sarkozy ni Mitterrand bien entendu. Ni Aubry ni Royal ni d'Ormesson ni Besancenot, ni la jungle ni le zoo. Juste cinq mille amis de veille et de bamboche, chantant ensemble à perdre la raison, comme un, comme une. Quelque part en Ardèche. Et c'est loin.
Ce n'est pas un scandale pour les magazines. Ce n'était qu'un chanteur, après tout. Un joueur de pétanque, un citoyen d'Ivry, un moustachu sincère qui aurait parfois dû se taire, un pote à Félicien, qui méritait bien, lui aussi, la cloche d'airain. Rien d'autre qu'un joli nom, camarade, un pote à Potemkine, un espoir en chantier, un coeur au bois dormant.
Pas de quoi twister les mots. C'est une pensée de toute la semaine, à ne plus que savoir en faire, qui sans doute restera, du printemps qui va naître jusqu'aux mortes saisons, légère, volatile et insistante, pas plus de quelques mots d'une chanson. C'est une pensée qui joue pas les starlettes, qui vous tourne pas la tête, qui rebondit de plaines en forêts, de vallons en collines, comme on boit aux fontaines, une pensée d'un monde qui chante au fond de moi, où l'on n'est pas toujours du côté du plus fort. M'en voudrez-vous beaucoup, si je vous dis un monde où il n'y avait personne aux obsèques de Ferrat ?
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