Rentrées
Attention, précise Vincent Peillon dans son interview au JDD: pas seulement de l'instruction civique. La "morale laïque", c'est de l'instruction civique, mais enrichie, si on ose dire. L'école devra donc enseigner "toutes les questions qu'on se pose sur le sens de l'existence humaine, ce qui fait une vie heureuse, ou une vie bonne". Vaste programme. Et la matière, précise le ministre, sera "évaluée", traduisez qu'elle sera notée, et comptera aux examens. T'as eu combien, à la question sur la vie heureuse ? Pff, pas la moyenne, je me suis planté, j'ai oublié le dévouement et l'attention aux autres, quelle galère. Vaste programme !
Le ministre en ayant ainsi décidé, cette "morale laïque" est donc un des débats médiatiques de la rentrée (sujet aux 20 heures, invitation à France Inter, etc). Très bien. Aujourd'hui comme l'an dernier, le gouvernement lance sur les ondes et dans les colonnes les refrains du bruit de fond, pardon, les sujets de la "conversation nationale". Autant que ce soit donc ce sujet-là, tout de même moins nocif que la burqa et le hallal. Au fond, si ce n'était que cela, une élection ? Un changement de bruit de fond. Montebourg, Moscovici, Ayrault, Hollande, peinant à trouver des sujets, Peillon s'y colle. L'école, ça marche toujours.
Tiens, à propos de bruit de fond: il y a une autre institution, qui pourrait aussi se donner pour rôle d'enseigner un peu la "morale laïque". Vous voyez à laquelle je fais allusion ? C'est si évident qu'on s'en veut d'avoir à le rappeler: c'est la télévision publique. Fut un temps, par exemple, où elle programmait une série qui s'appelait l'Instit. On y voyait un instit remplaçant, prêcher de village en village le respect et la tolérance. Il faisait du Peillon avant Peillon. Et, en faisant de ce personnage un héros récurrent, c'est la télévision elle-même, qui faisait du Peillon. Il s'agissait de montrer, sur le terrain de l'adversaire, c'est à dire de la télévision, que la seule ambition légitime d'une vie n'est pas de passer à Secret Story, et d'être connu pour être connu. On a beau tendre l'oreille, en cette rentrée, on n'entend rien qui ressemble à la réaffirmation de cette ambition du siècle dernier.
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