Sarkozy, autocritique avec masque
le matinaute est assailli de confidences sarkozyennes de "mi-mandat". Car, si cela vous avait échappé, nous sommes à la "mi-mandat". Donc, Sarkozy admet entre guillemets que la nomination du prince Jean était "une erreur", regrette que Rama Yade ne "sache pas jouer collectif", et annonce un arbitrage décisif : le grantemprunt se situera à un niveau "entre 25 et 50 milliards d'euros" (admirez la précision de la fourchette).
Mais à qui diable a-t-il fait ces confidences ? Le Parisien se réfugie derrière un "indiquait-on hier à l'Elysée". Pas davantage de précision au Figaro, où le sarkologue accrédité, Charles Jaigu, relate allusivement que ces confidences sont faites "en petit comité". Diable ! Un nouveau comité des confidences ? Mais ouvert à qui, selon quelles conditions, avec quel mot de passe à l'entrée ? L'AFP, elle, fait parler les pierres, et cite sans trop se mouiller "le palais".
Heureusement, les radios du matin sont plus loquaces, et vendent la mêche : Sarkozy a reçu à l'Elysée "un petit groupe de journalistes". Tiens tiens. Mais puisque les confrères ont bénéficié de ce privilège rare, pourquoi ne l'écrivent-ils pas, simplement, et se réfugient-ils derrière un "petit comité" fantôme ? Pourquoi ? Parce qu'ils en ont eu interdiction, pardi. Manifestement, la règle du jeu était complexe : il ne s'agissait pas vraiment de "off", puisque les heureux élus ont eu le droit d'attribuer les citations à Sarkozy lui-même, sans avoir besoin de se réfugier derrière "un haut responsable", par exemple. Alors, pourquoi ce loup de carnaval ? Pourquoi, pour l'auteur des confidences, ne pas apparaître à visage découvert, devant Pujadas-Ferrari ou, soyons fous, Aphatie ? Par pudeur, évidemment. L'autocritique, en Sarkozie, est un exercice transgressif, à la limite de l'obscénité qui, pour ne pas effrayer les enfants, ne saurait être effectué à visage découvert.
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