Vive les vieux !
voilà toutes les éminentes qualités que manifestait Rocard, ce matin, venant rendre compte de sa copie sur le grantemprunt à l'examinateur Demorand. Réalisme : la commission a choisi de renvoyer Guaino dans ses buts, en ne dépassant pas le montant de 35 milliards, afin de ne pas mettre en danger la belle classificiation "AAA" de la France (cocorico). Courage politique : on met le paquet sur la recherche, secteur traditionnellement sacrifié en période de pénurie. Humour : "comment, Monsieur Demorand, vous ne le savez pas, que ce sont lémédias qui font les gouvernements" ? En un mot : toutes les qualités que l'on exige en vain, jour après jour, du personnel politique d'active. Un festival (les amateurs pourront d'ailleurs revoir l'émission dont il était l'invité, un régal).
A l'écouter, on se prenait à regretter que le pays n'ait pas su utiliser, tout au long de sa carrière, de si grandes qualités. Rocard fut un ministre de l'Agriculture oubliable, un ministre du Plan ordinaire, un Premier ministre passable (le RMI, la paix en Calédonie, c'est lui) et, le reste du temps, une boîte à idées désordonnée, et le souffre-douleur préféré de Mitterrand.
Pourquoi un tel contraste ? Poser la question, c'est y répondre : Rocard, à l'époque, n'avait pas encore atteint la pleine maturité qu'il semble tangenter depuis l'âge de 75 ans (et la remarque vaut aussi pour Juppé, en plein processus de bonification, ou pour Chirac, qui fracasse tous les records de popularité). Quant à la solution, elle coule de source : il urge de voter une réforme, faisant en sorte que le personnel politique commence désormais sa carrière par la fin. On objectera sans doute de nombreux obstacles biologiques à cette proposition de bon sens. C'est vrai. Mais la science est là pour permettre de les résoudre. On s'étonne d'ailleurs que la commission grantemprunt, dans sa sagesse, n'ait pas pensé à financer les recherches correspondantes.
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