Racisme : les "braves gens", et les "brebis galeuses"
chronique

Racisme : les "braves gens", et les "brebis galeuses"

Ah mais c'est trop bête. Vraiment trop bête. Ils y étaient presque. A deux doigts. A deux doigts de faire croire que le racisme du vieux n'était plus qu'un sale souvenir du siècle dernier. Ils avaient badigeonné la façade, vissé serré le couvercle de la cocotte. La soupape tournait dans tous les sens, mais le couvercle devait tenir, avec la complicité des inviteurs de plateaux, qui ne recevaient que des ripolinés, des dédiabolisés. Bardella trébuchait en estimant que le vieux n'était pas antisémite, mais il se reprenait immédiatement, faute de carre, moment de distraction, excuses piteuses, c'est oublié. Manquait juste la formalité d'une campagne présidentielle, gagnée d'avance.

Et puis voilà qu'au fil de la campagne législative, devant les caméras des télés régionales, on découvre les recruté.e.s à la hâte, parce qu'il faut bien boucher les trous, 577 candidats à trouver, et les suppléants, vous imaginez la galère. On les découvre tous, en vrac, "un vrai calendrier de l'avent, sauf que ce ne sont pas chocolats" dit Marine  Tondelier, on découvre celle qui porte une casquette nazie, celle qui a fait une prise d'otages à main armée, le candidat motard qui n'a pas écrasé son curé noir, celui qui pense que "le détail" de Le Pen père n'était pas antisémite, mais une simple erreur de communication, etc etc. Un festival.

Et voilà donc que la cocotte explose, une catastrophe. Pas pour le noyau dur, les convaincus, les historiques, qui savent à quoi s'en tenir, mais pour les autres, les ralliés récents, les "on n'a pas tout essayé", les "finalement, le RN protège les Juifs", ceux qui feront la différence. Et Marine Le Pen doit courir partout, son badigeon dans une main, l'extincteur dans l'autre, pour éteindre les départs de feu qui se déclarent partout. Combien ? Deux ou trois, commence Bardella, "des brebis galeuses", démasquées par "des journalistes qui font ça toute la journée, et enquêtent sur les grand-mères des suppléants"Puis, le lendemain, cinq ou six. 80, recense pour sa part Mediapart. Et certains, horreur, ne s'en prennent pas seulement aux Arabes, mais aux Juifs, dont Le Pen est désormais promue sainte protectrice. Même Thomas Sotto, même Apolline de Malherbe, ne peuvent plus faire semblant de ne pas voir. Les éteindre tous ? Non. Impossible. Il y en a trop. Lesquels, alors, en priorité ? Voilà le problème. 

Le blog Obsessions est publié sous la seule responsabilité de Daniel Schneidermann, sans relecture préalable de la rédaction en chef d'Arrêt sur images.

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