Le Monde, Fotto et la photo
Depuis toujours, cet argumentaire identique au mot près me plonge dans une profonde rêverie. Je ne peux m'empêcher d'imaginer les équipes de paléo-maquettistes et de crypto-typographes d'avant la rénovation décisive, réunies dans un bunker à la lueur de chandelles, et dessinant sur les murs, au charbon de bois, la maquette d'un journal rhumatismal à la typographie illisible. Par quels sombres desseins ces sinistres individus pouvaient-ils donc être mûs ? Une volonté secrète de sabotage ? Un pari idiot ? Heureusement, la Rénovation devait finir par arriver.
Dernière innovation de la maquette "rénovée": la suppression, (sauf dérogation exceptionnelle pour prestation de serment d'Obama, ou événement assimilé) des photos à la Une. "La photo nous banalisait", dit Fotto. Sonnez trompettes ! Chers jeunes @sinautes qui me lisez, moi qui vous parle ai vu la photo arriver en grand cortège à la Une du Monde. C'était un autre siècle. La télé régnait sans partage. Les photolâtres de l'époque d'avant Fotto déployaient de savantes théories sur la civilisation de l'image, en expliquant que Le Monde ne pouvait s'en tenir orgueilleusement à l'écart. Il n'aura fallu qu'une bonne vingtaine d'années pour revenir sur cette funeste illusion. A l'échelle de la marche du monde (sans majuscule), c'est finalement court.
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