Le making-of de l'émission, par Robin Andraca :
Voilà des mois que j'écris sur Trump, ses sorties les plus polémiques, ses liens (ténus) avec la complosphère américaine, sa curieuse vision de la liberté de la presse. Je peux bien l'avouer maintenant : je n'ai jamais cru qu'il serait élu. Pas une seule seconde. Ni en juin 2015, quand il a déclaré sa candidature. Ni mardi soir, en m'endormant, alors que des dizaines de millions d'américains étaient en train de voter. J'en étais même certain. La plaisanterie Trump allait cesser cette semaine, avec l'élection d'Hillary Clinton. Autant dire que je ne faisais pas le malin mercredi, à 5h30, après avoir compris que je m'étais trompé. Sur toute la ligne. Je pensais, comme des milliers de journalistes à travers le monde, en avoir fini avec Trump. Ce n'était, en réalité, que le commencement.
Quel que soit le résultat de l'élection, il était impensable de ne pas consacrer notre plateau de cette semaine à l'élection américaine. Encore fallait-il trouver un angle original. Tenter de se démarquer. Ce sera donc Wikileaks, et le rôle joué par l’organisation de Julian Assange dans cette élection. En dévoilant, au compte-gouttes, plusieurs milliers de mails internes du parti démocrate américain depuis le mois de juillet (avec des révélations sur l’aversion de sa direction pour Bernie Sanders, ou le contenu des conférences secrètes d’Hillary Clinton à Goldman Sachs) Wikileaks a bousculé dans cette élection. Dans quelle mesure ? Assange roule-t-il désormais pour Trump ? Les Russes ont-ils vraiment tenté d’influencer l’élection américaine, comme l’affirme le camp Clinton pour tenter de faire diversion ?
Pour répondre à ces questions, le nom de Juan Branco s’impose rapidement. Dans un (long) texte publié sur son blog de Mediapart, le conseiller juridique d’Assange s’insurge contre le traitement médiatique de cette affaire, et s’étonne que Le Monde reprenne les éléments de langage du camp Clinton, sans plus de vérification. On invite donc Damien Leloup, auteur des articles visés, mais il est en vacances. Contactée, Sylvie Kauffman, ex-directrice de la rédaction et éditorialiste au Monde, qui estime que cette campagne restera comme cela qui aura "ébranlé la démocratie", décline à son tour en raison d’une "semaine surchargée". Je contacte alors Amaelle Guiton (Libération), fine connaisseuse du sujet, qui accepte.
Mercredi matin, Trump est élu président. L'idée de laisser tomber le plateau Wikileaks pour s'intéresser à la victoire de Trump, et la défaite du journalisme mainstream, traverse la rédaction. On décide finalement d'étoffer la première partie de notre émission en invitant Elaine Sciolino, correspondante pendant quinze ans du New York Times à Paris. Et si nous avons tardé à en faire un sujet d'émission, nul doute qu’il sera à nouveau question de Trump sur le plateau d’@si au cours des quatre prochaines années.
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