Cyclistes et feux rouges : le cri de révolte d'un libéral
, peut parfois entrainer sur des sentiers inattendus. Cédant à l'amicale pression de certains amis, j'ai décidé, depuis la rentrée, de varier mes sources d'information radiophonique, en entamant un sevrage, progressif et prudent, de France Inter. Il s'agit rien moins que de vérifier s'il existe une vie, en dehors de Patrick Cohen et Bernard Guetta.
Me hasardant dans la jungle de la FM, et plus précisément sur les ondes de France Culture, je tombe donc ce matin sur un cri de révolte contre une de ces absurdités de la modernité que dénoncent sans relâche les éditorialistes de radio : de plus en plus de villes, déplore l'éditorialiste, permettent aux cyclistes de passer au feu rouge. Et dans le plus grand désordre : parfois, pour tourner à droite, parfois même "pour tourner à droite ou aller tout droit". "Pour la première fois dans l'histoire du trafic, le feu rouge ne signifie plus stop, en tout cas plus pour tout le monde. Nous venons de rompre avec une règle étrernelle et universelle. Ce n'est pas tout à fait rien." déplore l'éditorialiste. Et pour quelle raison cette capitulation des mairies (Paris, Lille, Nancy) devant la dictature des "circulations douces" ? Tout simplement parce que bien des cyclistes, avec ou sans autorisation, s'étaient déjà arrogés le droit de griller le feu rouge. L'une après l'autre, des municipalités capitulardes mettent donc le code en accord avec la pratique.
Le nostalgique des glorieuses années des feux rouges répond au nom de Philippe Manière, dont une rapide recherche nous apprend qu'il s'agit d'un journaliste se réclamant avec force de l'idéologie libérale, au point qu'il a sa notice dans le "Wikiberal" (j'ignorais jusqu'à l'existence de cette étrange filiale communautariste de Wikipedia, et pas la peine de me demander, j'ignore tout des conditions d'admission). Mais comment donc un journaliste libéral peut-il s'affliger de cette atténuation du pouvoir coercitif des feux rouges ? En toute orthodoxie libérale, Manière ne devrait-il pas applaudir à ce recul de la contrainte publique, qui entre vélos, autos et piétons, laisse enfin jouer la libre circulation des véhicules ? Voyant la main invisible du trafic réguler les carrefours, ne devrait-il pas logiquement être enthousiaste ? Pour qui craint-il vraiment ? Les automobilistes ? Les cyclistes ? Les piétons ? On attend impatiemment que les théoriciens du libéralisme s'emparent de la question.
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