Moins de pollution grâce à Hidalgo et l'UE, les médias le taisent
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Moins de pollution grâce à Hidalgo et l'UE, les médias le taisent

Comment traiter une information positive en rapport avec l'écologie et la santé... mais aussi très politique puisque directement liée, d'après son émetteur, à des mesures restrictives à tous les niveaux ? La question est posée par l'association d'examen du traitement du climat et de l'écologie par les médias Quota climat, suite à la diffusion du rapport annuel de l'association (financée par les pouvoirs publics) Airparif à propos de la pollution de l'air en Île-de-France.

Pris sur le temps long, l'évolution de la qualité de l'air est en effet rien moins que spectaculaire. "Depuis 2005, les concentrations des deux principaux polluants réglementés pour leurs effets sur la santé – les particules fines (PM2,5) et le dioxyde d’azote (NO₂) – ont diminué respectivement de 55 % et 50 %", écrit en effet Airparif. "Le nombre de décès prématurés liés à la pollution de l’air a diminué d’un tiers entre 2010 et 2019", poursuit l'organisme. Par quoi s'explique cette baisse ? "L’impact combiné des politiques européennes, nationales et locales en matière de mobilité, de chauffage, d’énergie et d’environnement", répond Airparif.

Quota climat relève que la presse internationale a jugé l'information suffisamment intéressante pour la relayer. "Paris a dit au revoir aux voitures. Les cartes de la pollution de l'air révèlent un changement dramatique", titre le Washington Post aux États-Unis, tandis que le magazine des affaires Fast Company choisit : "La pollution de l'air à Paris en baisse de 50 % après sa transformation radicale favorable aux vélos". Outre-Rhin, le quotidien Süddeutsche Zeitung propose "Si propre est l'air parisien", mentionnant les politiques publiques comme principale raison dès le sous-titre – tout comme le magazine espagnol Cambio 16. Le quotidien suisse-allemand Tages-Anzeiger estime qu'une "politique urbaine radicale porte ses fruits". Et le site belge 7sur7 titre "Paris se passe de la voiture, et les cartes de la pollution montrent un changement spectaculaire".

En France, la couverture médiatique du rapport d'Airparif a été plus importante que ce que laisse entendre Quota climat en listant "une dépêche AFP" et "une poignée d'articles saluant les progrès". Le journal de 20 heures de France 2 y a en effet consacré une séquence – et les médias de service public ont largement couvert l'information –, BFMTV et le Monde ont repris la dépêche AFP tandis que TF1, le Figaro et l'Humanité publiaient des articles de la rédaction.

L'association d'examen des médias sur le plan écologique affirme aussi que "très peu lient frontalement ce résultat à la place de la voiture en ville". Une lecture attentive des articles concernés ne confirme pas vraiment l'affirmation, tous ou presque évoquant les politiques publiques et la régulation sévère à tous les niveaux ayant permis de parvenir à ce résultat.

Certains articles sont même particulièrement complets. Celui du service "sciences" du Figaro n'hésite ainsi pas à froisser son lectorat (en témoignent les commentaires) en rappelant, selon l'ingénieur d'Airparif Antoine Trouche : "Entre 2017 et 2023, dans le périmètre de la ZFE, les émissions de dioxyde d’azote dues au trafic routier ont baissé de 42 %, dont 6 points sont attribuables à cette ZFE." L'article n'oublie pas non plus, contrairement à la plupart des médias, que "5 % des foyers en Île-de-France se chauffent au bois et sont responsables à eux seuls de près la moitié des particules fines émises directement".

Alors, rien à reprocher aux médias français ? En réalité, une recension plus attentive de la manière dont ces contenus sont titrés confirme en effet que les chefferies n'ont pas vraiment voulu mettre l'accent sur l'efficacité des politiques (écologistes et de gauche) ayant mené à l'amélioration de l'air parisien. Certains se contentent d'un sobre "la pollution de l'air en baisse", le Figaro de "la qualité de l'air continue de s'améliorer", et au mieux, l'on peut lire "la pollution de l'air divisée par deux en 20 ans". Nulle politique publique, éviction de l'automobile ou normes antipollution rigoureuses à l'horizon.

Autre constat : l'information n'a pas été mise en avant autant qu'on pourrait le penser au regard de son importance pour la santé des millions de Français vivant dans de grandes villes. En la matière, l'exemple le plus parlant est probablement celui du Parisien. Si le quotidien a ainsi consacré une pleine page au sujet dans ses cahiers locaux en Île-de-France, il n'en a pas touché un mot dans son édition nationale Aujourd'hui en France. Comme si la diminution de la pollution de l'air à Paris, et l'efficacité de la diminution de la place de l'automobile en ville, ne concernaient que les Parisiens.

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